Après deux jours de pourparlers sur le nucléaire, les négociations entre les Six et l'Iran, qui se sont terminées hier à Genève, devraient reprendre «fin janvier à Istanbul». Les différentes parties ont accepté que «les négociations aient lieu sur une base de négociation et non de confrontation», selon le chef de la délégation iranienne Saïd Jalili. La Turquie qui était parvenue avec le Brésil à arracher un accord (indisposant les Occidentaux) avec les Iraniens fait désormais office d'élément apaisant. A Téhéran, le président Mahmoud Ahmadinejad réitère la position de son pays en appelant les grandes puissances à lever les sanctions imposées à son pays et sortir de la politique de la confrontation préjudiciable pour la paix du monde. «Si vous annulez toutes les vilaines choses et les décisions erronées que vous avez prises contre l'Iran […] si vous levez les résolutions, les sanctions et les restrictions que vous avez imposées […] alors les discussions seront productives», a déclaré Ahmadinejad. Le président iranien a également appelé les grandes puissances à s'installer réellement dans la légalité. L'Iran constitue depuis quelques années une véritable obsession pour certaines capitales occidentales. Ces dernières sont invitées à «être honnêtes et respecter les lois» internationales si elles veulent parvenir à un accord avec l'Iran. Malgré un positionnement viscéralement anti-iranien, Téhéran accepte de jouer le jeu. Le chef de la diplomatie de l'UE, Catherine Ashton, ayant le rôle de médiateur dans les pourparlers, a reconnu avoir «eu près de deux jours de discussions détaillées et substantielles centrées sur le programme nucléaire iranien et la nécessité de l'Iran de se conformer à ses obligations internationales». Les six puissances se disent prêtes à chercher «des bases communes sur des questions d'intérêt mutuel». Après une période de flottement, les Occidentaux et l'Iran ont repris hier à Genève leurs négociations. Des pourparlers jugés «constructifs» par les participants qui se sont retrouvés pour la première fois en 14 mois. Les Six (les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU : Etats-Unis, Russie, Chine, France et Grande-Bretagne, plus l'Allemagne) semblent opter pour une approche jugée plus flexible. Une modification qui risque d'inquiéter certaines capitales arabes dites «modérées» pour qui l'Iran demeure la menace par excellence. Le dossier du nucléaire iranien a été marqué récemment par deux attentats contre des scientifiques iraniens, imputés à la CIA et au Mossad. Dans le sillage des fuites de WikiLeaks et de l'annonce par Téhéran du contrôle total du cycle du combustible, le nucléaire iranien revient sur le devant de l'actualité. La question de l'enrichissement de l'uranium demeure depuis plusieurs années au centre du bras de fer opposant l'Iran aux Occidentaux. Ces derniers, avec l'encouragement pressant d'Israël, accusent Téhéran de chercher à se doter de l'arme atomique sous le couvert d'un programme civil. L'étape turque de janvier prochain devrait donner une certaine pondération aux négociations. M. B.