En plus du blanchiment d'argent, Al Qaîda le fait fructifier en investissant notamment dans l'immobilier. Au moins 50 millions d'euros ont été versés par les Occidentaux à ce qu'on appelle Al Qaîda au Maghreb islamique, suite aux opérations de rapts perpétrées par cette organisation qui active au niveau de la bande du Sahel, contre la libération des ressortissants étrangers. Une somme qui, selon toute vraisemblance, permet à cette organisation criminelle d'alimenter ses réserves en armement et munitions. Mais aussi de procéder à des opérations de blanchiment d'argent en investissant dans l'immobilier. Cette pratique avec laquelle la nébuleuse exerce une forme de diktat sur les Occidentaux pour libérer les otages a, de tout temps, été condamnée par l'Etat algérien qui a appelé clairement à la criminalisation du versement des rançons, qui constituent un tiers de ses ressources désormais, aux terroristes en introduisant une demande officielle à l'ONU qui ne manquera pas d'appuyer favorablement l'approche de l'Algérie, mais aussi l'appui de la Grande-Bretagne et les Etats-Unis d'Amérique. C'est à la tribune de l'Assemblée générale de l'ONU, que la Président Bouteflika a plaidé, il y a déjà une année, «l'interdiction absolue du paiement de rançon aux preneurs d'otages qui a atteint, au cours des dernières années, des proportions inquiétantes». Selon lui, «le produit de ces rançons s'est révélé être, désormais, la principale source de financement du terrorisme». Dans ce contexte, le coordinateur de la lutte antiterroriste au département d'Etat américain, Daniel Benjamin, avait souligné le 20 novembre dernier, apprécier fortement le travail accompli par les autorités algériennes dans leur lutte contre le terrorisme. «L'Algérie a une grande volonté politique de lutter contre le terrorisme et une grande expérience que nous voulons tous acquérir», a déclaré ce responsable américain. Les USA, qui souhaitent approfondir leurs relations avec l'Algérie pour faire face plus efficacement à la menace terroriste, n'ont pas tardé à déclarer leur soutien quant à la criminalisation du versement de la rançon. A ce propos, le coordinateur américain de la lutte antiterroriste souligne: «Je pense que le versement de rançons constitue la première source de revenus pour Al Qaîda au Maghreb, et c'est cela qui lui permet de se maintenir (...) avec des rançons de plusieurs millions de dollars qui sont versées.» Selon toujours le même conférencier: «Al Qaîda au Maghreb islamique fait preuve d'aptitude à mobiliser des ressources financières substantielles grâce aux rançons versées», surtout que «l'Algérie, le Royaume-Uni et les Etats-Unis sont parmi les quelques gouvernements qui refusent de payer une rançon pour les otages». La branche maghrébine d'Al Qaîda a de «graves problèmes financiers. Et avec ces enlèvements, il y a une volonté de résoudre ces problèmes», avait rapporté le journal on line Afrik.com citant le professeur à l'Institut d'études politiques de Paris et spécialiste d'Al Qaîda, Jean-Pierre Filiu. Et «c'est justement quand elle connaît des difficultés qu'elle devient dangereuse», souligne l'auteur des «Neuf vies d'Al Qaîda», avait ajouté la même source Pour Daniel Benjamin, il est urgent de tarir cette source de financement. La Russie est également favorable à l'approche introduite par l'Algérie, mais cela n'a pas empêché la France, l'Espagne et l'Italie de faire aboutir des pourparlers avec Al Qaîda au Maghreb avec au total, le versement de pas moins de 50 millions d'euros. Ce qui a permis à la nébuleuse de créer de nouveaux riches, de séduire les populations démunies au niveau du Sahel mais aussi de corrompre des responsables au sein de certains gouvernements comme l'a indiqué une étude de l'Observatoire sahélo-saharien de géopolitique et de stratégie dirigé par un ancien ministre malien des Forces armées, Soumeylou Boubèye. Le versement de la rançon reste un moyen de financement d'Al Qaîda au Maghreb et le nerf de la guerre. Il est donc urgent de lui couper les vivres.