Certains pays occidentaux auraient versé une somme de 10 millions d'euros pour la libération de leurs otages. «La France et l'Espagne seront informées ultérieurement des revendications légitimes des moujahidine», a déclaré le responsable du comité politique d'Al Qaîda au Maghreb, Saleh Abou Mohammad, dans un enregistrement sonore diffusé hier, par la chaîne de télévision qatarie Al Jazeera. Le prochain message d'Aqmi portera à coup sûr sur la demande d'obtention de rançon en contrepartie de la libération de ces otages. Selon des observateurs de la scène sécuritaire, Al Qaîda vise à travers ce nouveau rapt «la France et l'Espagne, du fait de leur soutien à l'engagement de l'Algérie et d'autres pays de l'Afrique de l'Ouest dans la lutte contre Aqmi dans la zone sahélo-sahélienne». En outre, ils projettent de négocier la libération de leurs activistes détenus à Nouakchott et surtout le paiement des rançons. Toutefois, la problématique relative aux éventuels versements de rançons sera ressuscitée par ces derniers rapts. L'Algérie revendique l'adoption par le Conseil de sécurité des Nations unies d'un projet de résolution allant dans ce sens. Les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la Russie soutiennent cette démarche. De nombreux analystes affirment que le paiement de rançon aux groupes terroristes pose un véritable problème de sécurité. Certains pays occidentaux auraient versé une somme de 10 millions d'euros pour la libération de leurs otages détenus par les groupes terroristes d'Al Qaîda. Cette organisation recourt de plus en plus à la demande de rançon constatant que certains pays cèdent à ce moyen de pression, explique-t-on encore. Face aux dispositifs mis en place par les différents gouvernements, qui rendent très difficile et parfois impossible le transfert de l'argent au profit des terroristes, ces derniers ont recours à la méthode des prises d'otages. Le financement du terrorisme se fait en grande partie à travers l'argent collecté à partir de ces opérations. De même, en mettant plus d'une semaine avant de revendiquer le kidnapping de quatre otages, un Français et trois Espagnols, Al Qaîda ne déroge pas à sa stratégie médiatique. «Deux unités des vaillants moujahidine ont réussi à enlever quatre Européens dans deux opérations distinctes: la première au Mali, où a été enlevé le 25 novembre le Français Pierre Camatte, et la deuxième en Mauritanie où ont été enlevés le 29 novembre trois Espagnols», a ajouté le porte-parole d'Aqmi. Le Français, Pierre Camatte, 61 ans, a été kidnappé dans la nuit du 25 au 26 novembre à Ménaka à plus de 1500 km au nord-est de la capitale malienne, Bamako. Les trois bénévoles de l'organisation non gouvernementale, Barcelona Accio Solidaria, ont été enlevés par un groupe armé, dimanche 29 novembre, à 170 km au nord de la capitale, Nouakchott, alors que leur véhicule fermait la marche d'un convoi acheminant de l'aide humanitaire au Sénégal et en Gambie. Certaines informations avaient fait le lien avec le premier rapt, trois jours plus tôt, au Mali voisin. D'autant plus que des hommes armés les ont arrêtés en laissant leur véhicule sur place, sans toucher au matériel et à l'argent qui s'y trouvaient. Ainsi, le responsable du comité politique d'Aqmi a même précisé l'identité des trois otages espagnols. Il s'agit de Albert Vilalta, âgé de 35 ans et directeur d'une société de tunnels, Roque Pascual, 50 ans, dirigeant d'entreprise du secteur de la construction, et Alicia Gámez, 35 ans, fonctionnaire de l'administration de la justice. Le nord du Mali a servi de refuge, depuis 2008, aux groupes ayant enlevé des touristes et ressortissants occidentaux en Tunisie ou encore au Niger. En juin dernier, un otage britannique a été exécuté par Al Qaîda tandis que des Canadiens et Européens ont été relâchés.