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La Toile du terrorisme
PROPAGANDE ET FINANCEMENT D'AL QAÎDA AU SAHEL
Publié dans L'Expression le 11 - 08 - 2009

L'infrastructure financière d'Al Qaîda ressemble à une holding.
Les milliers de sites Web islamistes, la multiplication des ressources financières et la connexion avec les groupes armés rebelles et contrebandiers ont donné à Al Qaîda de s'installer progressivement dans la bande sahélienne. Ces derniers jours, un autre palier dans la montée du terrorisme a été franchi. Cette nébuleuses a signé son premier attentat kamikaze contre l'ambassade et les «intérêts» français à Nouakchott quelques jours à peine après avoir proféré des menaces, via le Net, contre la France. Outre l'exploitation de 6000 sites Web dont la plupart sont hébergés aux Etats-Unis et en Europe, Aqmi (Al Qaîda au Maghreb islamique) a réussi sa guerre médiatique grâce à la presse internationale. Le New York Times a ouvert sa Une avec l'entretien que lui accorda Abdelmalek Droukdel, chef de l'ex-Gspc, le 1er juillet 2008. La chaîne satellitaire qatarie, Al Jazeera, par laquelle passaient tous les communiqués de la nébuleuse islamique, fut accusée par les régimes arabes d'être devenue un outil de propagande d'Aqmi. La chaîne de télévision qatarie joue un rôle important en offrant une issue à l'isolement de l'ex-Gspc et à neutraliser la stratégie de son isolement par le pouvoir algérien. Avec un essor important grâce à l'Internet, l'ex-Gspc a désormais à sa disposition le réseau des sites Web islamistes radicaux pour poster ses communiqués et ses vidéos de propagande. Mais aussi, Al Qaîda a désormais d'autres procédés pour renflouer ses caisses. Passant du racket et des enlèvements des citoyens algériens libérés contre rançon, procédé classique et local, le groupe terroriste a élargi sa marge par le kidnapping de ressortissants et touristes étrangers plus au sud dans le désert et le Sahel, obligeant les pays occidentaux à négocier avec lui et payer des rançons fortes en devises contre la libération des otages. Aqmi considère ainsi ces otages comme des prisonniers de guerre. Mais l'expansion stratégique d'Al Qaîda est soutenue aussi par sa quote part de l'argent de la contrebande d'armes, de la drogue et de métaux précieux sévissant en maîtres dans la bande sus-indiquée, là où les frontières sont des passoires par où, transitent les trafics en tous genres: armes, munitions, diamants, voitures, cigarettes. Aqmi tire aussi ses revenus du blanchiment d'argent, notamment dans le foncier et l'immobilier en Algérie et ailleurs. Selon le gouvernement afghan, l'argent qui permet à Al Qaîda de mener ses combats proviendrait en grande partie de riches et pieux donateurs privés vivant dans la péninsule arabique.
Il transite par la place financière de Dubaï que les Américains n'ont curieusement jamais soumise à une inspection drastique: «Comment expliquez-vous qu'il n'y ait jamais d'attentat islamiste à Dubaï, terre d'Islam où l'alcool coule à flots?» C'est très simple: «Certains pays arabes du Golfe ont acheté leur quiétude aux groupes terroristes!» affirment des observateurs du fait islamiste. Illustrant cet état des lieux, une rançon de trois à cinq millions d'euros a été versée pour la libération au Mali du dernier otage détenu par Al Qaîda au Maghreb islamique (Aqmi), le Suisse Werner Greiner. Selon certaines sources, l'argent de la rançon a été transféré d'une banque située dans une capitale européenne vers une agence bancaire au Burkina Faso avant d'être remis à deux intermédiaires, dont l'identité n'a pas été révélée, qui l'ont ensuite remis aux ravisseurs. Le rapport Brisard, comme d'autres enquêtes gouvernementales ou privées, consécutives aux attentats du 11 septembre 2001, ainsi que les procès en cours révèlent que l'infrastructure financière d'Al Qaîda ressemble à une holding. Il y aurait un centre de décision avec des centaines de succursales et un nombre encore plus important de sous-traitants répartis à travers le monde. La liste des entités concernées couvre un large éventail, qui va de l'islamiste fanatique au banquier renommé et respectable, comme à d'autres hommes d'affaires ou sociétés. Le 24 septembre 2001, le président américain George W.Bush «lance une frappe» -comme il dit- «contre la base financière du réseau global de la terreur». Il annonce le gel des avoirs de 27 organisations et individus soupçonnés d'entretenir des liens avec Ben Laden. Depuis cette date, la liste est devenue encore plus longue que celle du rapport Brisard. Sous la pression américaine, le Conseil de sécurité des Nations unies (ONU) vota plusieurs résolutions appelant les nations à priver les réseaux terroristes de tout soutien financier et logistique.
En octobre 2001, le Congrès vote dans la précipitation la loi appelée USA Patriot Act. Elle permet au FBI et à d'autres services de police de multiplier les écoutes téléphoniques, d'allonger les gardes à vue, d'espionner les avocats et d'autres empiétements sur les droits civiques des Américains, mesures justifiées surtout par la nécessité de mettre au jour le financement d'Al Qaîda. Mais ces mesures ne sont pas parvenues à assécher les sources de revenus de la nébuleuse islamiste.


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