Prisée, la bûche de Noël continue à aiguiser les appétits et...les controverses. Bûches au chocolat, caramel, café ou fraise (...) bûches glacées, père Noël en chocolat, sabots et bonbons de Noël...les délices de la tradition occidentale ne laissent pas certains Algériens indifférents, mais pas tous! Plusieurs «Algérie» en une. Les sociologues les plus avérés voient en cela une richesse incontestable. A la question de savoir si les Algériens, à travers l'achat de la bûche et des friandises de Noël, fêtaient Noël ou pas, les mêmes spécialistes ont décelé trois catégories sociales. La première concerne les personnes plutôt ultra-conservatrices, qui ne célèbrent aucune fête religieuse mis à part les deux fêtes de l'Aïd, et qui soutiennent que, même «El Mawlid Ennabaoui» ne devrait pas être festoyé. Et donc, pas de chocolat, pas de bonbon de Noël ni de truffes, pour ces adeptes du «tout est péché» et de ce fait, aucune gourmandise n'est au menu à la veille du 25 décembre pour eux. La seconde catégorie, concerne les individus qui fêtent la Noël, mais sans la fêter! Ce qui sonne un peu faux, mais c'est indubitablement le cas. Il y a effectivement, des familles algériennes qui profitent de la générosité de la tradition culinaire de Noël. Cette catégorie dite «de gourmands» se situe, plutôt, dans un esprit de «casser la routine». Ces fêtards ne célèbrent que le côté gastronomique de cette tradition chrétienne. Ils sont loin de l'esprit de la commémoration de la naissance du Messie. La troisième catégorie affilie, quant à elle, les Algériens qui estiment que Jésus est un prophète. Il est par conséquent, tout à fait normal de glorifier sa naissance. Au même titre que les fêtes religieuses musulmanes. Ils estiment que la célébration de la naissance de Jésus-Christ va dans le sens de la célébration du «El Mawlid Ennabaoui». Tous les deux sont des messagers de Dieu, alors pourquoi ne pas fêter la venue au monde du porteur de la seconde religion monothéiste? Quant à la confection de la bûche, c'est une autre histoire. Certains pâtissiers refusent de préparer ces bûches estimant que c'est un péché. Mais cela ne les empêche pas de vendre en gros des ingrédients pâtissiers. Il convient de souligner que le monopole de ce marché est actuellement entre les mains des islamistes, lesquels sont foncièrement contre ce genre de célébrations qu'il qualifient de «fitna». Durant les premières années de l'indépendance, de nombreux Algériens fêtaient cette tradition sans qu'ils soient traités de non-croyants. Petit à petit, la tradition de la bûche de Noël s'est vue évincée, jusqu'à disparaître presque totalement durant la tragédie nationale. Les ravages de l'islamisme sont passés par là. Aujourd'hui, cet acharnement religieux a légèrement reculé. Pour les observateurs, il serait dû à l'ouverture du marché algérien aux grandes multinationales, et l'arrivée en nombre important d'employés de l'Occident.