Au sujet du décès d'une personne dans un commissariat à Constantine, le patron de la DGSN admet qu'«il s'agit d'une négligence grave et une inobservation des dispositions du Code de procédures pénales». Le directeur de la Dgsn, le général Abdelghani Hamel, admet l'existence de vol au niveau de son institution. «Depuis mon installation, j'ai à eu à constater l'existence de deux cas de corruption qui ont été sévèrement sanctionnés et portés devant la justice. Pour le reste, il s'agit plus de rapine que de corruption», a expliqué M.Hamel. Le directeur général de la Sûreté nationale, qui était hier l'invité de la Chaîne III de la Radio nationale, n'a pas caché cette réalité. Il a saisi l'occasion pour lancer un appel direct aux policiers les invitant à protéger leur casquette. «Je lance un appel aux policiers pour dire que l'honneur de la police exige un comportement exemplaire. Les policiers doivent être dignes et s'éloigner des dérives et des dérapages qui peuvent avoir des conséquences négatives sur la carrière de chacun», a-t-il insisté. Cet appel pressant traduit le sérieux pourrissement atteint par le corps de la police. Le patron de la Dgsn veut s'attaquer effectivement au mal qui ronge son institution. Comment? «Il faut mettre le policier à l'abri de toute pression et tentation», a-t-il indiqué. M.Hamel a fait de l'amélioration de la situation sociale du policier son cheval de bataille. Le nouveau statut particulier de la police promet de beaux jours aux fonctionnaires de la Sûreté nationale. Le salaire va augmenter à hauteur de 50%. En plus, des primes et indemnités seront versées à partir du mois prochain avec effet rétroactif depuis 2008. «Le statut va certainement améliorer la situation sociale du fonctionnaire de police et le conforter dans ses missions», a-t-il soutenu. Conscient du poids des contraintes sociales, M.Hamel a précisé qu'il fallait améliorer en urgence la situation sociale du policier. Revenant en détail sur les indemnités et primes, il a expliqué que les fonctionnaires de police vont bénéficier de primes de rendement et de risque ainsi que des indemnités de fonction, d'astreinte policière et de zone. «La prime de rendement sera calculée au taux variable de 0 à 30% du traitement. L'indemnité de risque est calculée au taux de 70% du traitement, celle de fonction est calculée au taux variable de 10 à 90% du traitement. L'indemnité d'astreinte policière est calculée au taux variable de 15 à 90% du traitement. Les taux de l'indemnité de fonction et de l'astreinte policière sont fixés par un tableau qui sera publié plus tard», a-t-il expliqué. Sur le plan professionnel, le statut actuel, qui date de 1991, n'est plus adapté à la situation du pays. «Il ne répond plus aux impératifs d'une police professionnelle», a-t-il estimé. Et d'ajouter: «Dès mon arrivée à la Dgsn, il m'était apparu de faire du réexamen de ce statut une priorité et d'améliorer en urgence la situation socioprofessionnelle des policiers.» Ce statut sera, selon lui, porteur également de création de nouveaux grades au niveau de la police pour rendre le déroulement des carrières plus fiable et permettre un encadrement plus efficace des agents. Afin de promouvoir le corps de la police, le patron de la Dgsn axe sa politique sur une formation de qualité. Désormais, les agents de police et les lieutenants auront une formation de deux ans au lieu de neuf mois. «Les élèves officiers de la police finaliseront leur formation à l'Académie militaire inter-armes de Cherchell (Amia)», a-t-il fait savoir. Les recrutements seront plus sévères en fixant le niveau de formation à la 3e AS au minimum. Interpellé sur l'affaire de la personne décédée dans un commissariat à Constantine, M.Hamel a déploré cette situation. «Des fautes très graves ont été constatées par la commission dépêchée à partir de la centrale pour enquêter sur la mort de cette personne. Il y a eu des sanctions qui ont été prises et un procès-verbal a été établi et transmis à la justice», a-t-il affirmé. Deux commissaires, un officier et un inspecteur de police ont été placés sous mandat de dépôt alors que trois agents de l'ordre public ont été mis sous contrôle judiciaire, a-t-il précisé. Plus ferme, l'invité de la radio admet qu'il s'agit d'une «négligence grave et une inobservation des dispositions du Code de procédures pénales». «Lorsqu'on place une personne en garde à vue, on doit lui retirer tout ce qui peut éventuellement porter atteinte à son intégrité physique», a-t-il rappelé. «C'est une personne placée en garde à vue à qui on a laissé les lacets avec lesquels il s'est suicidé», a ajouté M.Hamel. Intransigeant, le patron de la Dgsn a affirmé que ces officiers de police seront sanctionnés davantage et seront traduits devant la justice. «Je ne tolère aucun abus, aucune insuffisance ou négligence», a-t-il mis en garde en conclusion.