Un douanier, Aoun A., a été condamné, mardi dernier, par le tribunal correctionnel de Ghazaouet (Tlemcen) à une année de prison ferme assorti d'une amende. Il est accusé d'être à l'origine de la mort du jeune Boulouiz Amine. La famille de la victime n'est pourtant pas satisfaite de toute la procédure judiciaire qui a été suivie dans l'affaire, depuis l'ouverture du premier élément de l'enquête jusqu'au jugement du douanier et le verdict qui a été rendu à l'encontre de ce dernier. Le Dr Brichi, oncle du défunt, a, dès la prononciation de la sentence, annoncé que «la partie civile fera appel dans lequel elle demandera la requalification de l'affaire et son traitement par le tribunal criminel de Tlemcen, une affaire pareille ne pourra pas être jugée par le tribunal correctionnel» ajoutant que «dans le procès de mardi, seul le douanier, chauffeur du véhicule des douanes, a été jugé alors que la voiture conduite par ce dernier contenait d'autres douaniers». Lui emboîtant le pas, le représentant local de la Ligue des droits de l'homme a annoncé qu'«une déclaration sera rendue publique tout en demandant la requalification de l'affaire, le jugement de l'auteur par le tribunal criminel et la libération des 16 émeutiers incarcérés depuis le mois de juin dernier». La bataille juridique s'annonce, d'ores et déjà, rude. La famille de la victime, appuyée par le bureau de la Ligue des droits de l'homme de Tlemcen et de Maghnia, compte aller très loin dans ses démarches. Le but est de rendre justice au défunt et réparer le préjudice porté à sa mémoire souillée après qu'on l'ait accusé de contrebandier alors que le jeune Amine était étudiant de 18 ans et n'avait aucune relation avec la contrebande». Ainsi donc, après le report du procès, le tribunal de Ghazaouet (Tlemcen) a ouvert, mardi après-midi, le dossier Boulouiz Amine et débattu les circonstances qui ont précédé et suivi la mort du jeune Amine. Les avocats de la partie civile ont, dans leur intervention, relevé plusieurs zones d'ombre qui ont accompagné quelques étapes de l'enquête. Auparavant, l'avocat de la partie civile, Me Hareg, a, dans une déclaration faite tout récemment à L'Expression, relevé plusieurs vices de forme qui ont accompagné l'instruction. Selon l'avocat «les frais de justice, 100.000 dinars, demandés par le parquet, visent à écarter la thèse de l'homicide volontaire». L'affaire Boulouiz Amine a été déclenchée en fin mai de l'année en cours. A cette date, le jeune étudiant de 18 ans a trouvé la mort dans la commune de Bab El Assa, située dans la bande frontalière de l'ouest du pays. Sa famille a, aussitôt, mis à l'index les douaniers en faction dans les lieux du drame. La ville de Bab El Assa a été ébranlée par de violentes émeutes qui ont été, sur-le-champ, déclenchées par les jeunes en furie. Le bilan final est lourd. Le parc douanier de Boukanoun, contenant plus de 300 voitures saisies, a été entièrement incendié. Plusieurs édifices de l'Etat ont été vandalisés. Les forces anti-émeute, dépêchées des localités environnantes, ont interpellé 16 personnes qui attendent, à ce jour, leur jugement. Selon certaines indiscrétions, deux émeutiers, qui auraient observé une grève de la faim pendant plusieurs jours, auraient été ramenés difficilement à la raison et ce, à la suite de la dégradation de leur état de santé.