Déterminée à réformer un système monétaire international accusé d'avoir montré ses limites pendant la crise, la présidence française du G20 devrait entrer dans le vif du sujet début 2011. La France préside depuis mi-novembre le groupe des principaux pays riches et émergents. Plutôt discrète jusqu'ici, elle lancera officiellement le 24 janvier, avec une conférence de presse de Nicolas Sarkozy, cette année qui doit s'achever les 3 et 4 novembre par un sommet à Cannes. Le 10 janvier, le président français abordera ses priorités à Washington avec son homologue américain Barack Obama. Les grands axes de son action sont connus, comme la lutte contre la volatilité des prix des matières premières ou l'amélioration de la gouvernance mondiale. Le chantier le plus emblématique mais aussi le plus complexe est la réforme du système monétaire international (SMI). «Il faut un nouveau système monétaire international», martèle Nicolas Sarkozy depuis quelques mois, dénonçant le «non-système» issu de la fin, en 1971, de la convertibilité en or du dollar. C'est en fait un vieux cheval de bataille de Paris. Déjà en 1996, la France prenait les rênes du G7 des pays les plus industrialisés en promettant de stabiliser le SMI, mais n'obtenait in fine qu'une énième déclaration d'intentions. Quinze ans et une crise financière mondiale plus tard, le sujet revient sur la table. Mais la «guerre des monnaies» entre les puissances et son lot d'accusations mutuelles d'interventions égoïstes sur le marché des changes a cette fois convaincu plus d'un acteur de la nécessité d'agir. Le directeur général du Fonds monétaire international (FMI) Dominique Strauss-Kahn a ainsi fait de la promotion d'un SMI «plus stable» une «priorité» pour 2011, évoquant «l'aggravation des déséquilibres mondiaux, la volatilité des flux de capitaux et des taux de change, et l'accumulation des réserves en grande masse». Le système «ne fonctionne pas aussi bien qu'il le devrait», a aussi admis le président de la Réserve fédérale américaine Ben Bernanke, pourtant accusé d'avoir unilatéralement injecté 600 milliards de dollars dans son économie. En cause selon les Américains: la sous-évaluation artificielle du yuan chinois. La Chine elle-même semble disposée à participer au débat, qui devrait prendre la forme d'un séminaire international au printemps. Reste à définir les contours d'une réforme. Là, les positions divergent et la France se veut prudente. «On est dans une phase de consultation», assure-t-on de source gouvernementale. «Nous allons en début d'année lancer des axes de réflexion, tâter le terrain, affiner le calendrier et les priorités». Pas question pour l'instant de formuler des propositions précises. Pourtant, le temps presse déjà avant la première réunion des ministres des Finances du G20, les 18 et 19 février à Paris.