Ils considèrent que les restrictions imposées sur les visas pour les hommes d'affaires algériens sont discriminatoires. La classe politique nationale dénonce à l'unanimité les restrictions imposées sur les visas pour la circulation des hommes d'affaires algériens. Qu'ils soient de la coalition ou de l'opposition, les partis politiques sont unanimes. Ils considèrent tous que cette mesure est discriminatoire. «C'est inacceptable», a martelé le porte-parole du MSP, M.Djemaâ. Joint hier par téléphone, celui-ci n'est pas allé par trente-six chemins pour fustiger la France. Pour lui, cette mesure fait suite à celle portant classement de l'Algérie dans la liste noire des pays à haut risque terroriste. «Tous ces comportements obéissent à des enjeux électoraux», analyse notre interlocuteur précisant que la France ne cesse de stigmatiser les Arabes et les Algériens. «Nous refusons cette politique et nous demandons que l'Etat réagisse», a martelé M.Djemaâ. Le porte-parole du MSP estime que le ministère des Affaires étrangères doit contester sévèrement cette mesure. «Le ministère des Affaires étrangères doit appliquer la mesure de réciprocité», a-t-il proposé. Ainsi, le MSP apporte son soutien à la démarche de l'Etat. Même son de cloche chez le FLN. Son porte-parole, Kassa Aïssi déplore le fait qu'on parle de facilitation alors qu'on introduit une mesure discriminatoire. «Cette mesure doit être non seulement condamnable mais dénoncée par toutes les organisations qui militent pour les droits de l'homme», a-t-il estimé. Relevant le caractère unilatéral de cette mesure, M.Kassa soutient que «toute mesure discriminatoire sans concertation doit être dénoncée». Le FLN aussi, appuie le département des Affaires étrangères dans sa démarche. Quand au RND, il n'est pas resté indifférent. «Cette décision est inacceptable», a dénoncé Miloud Chorfi, porte-parole du parti. Ces dispositions, explique-il, ont été prises sans concertation ni négociation. «On s'attendait à des facilitations et finalement, c'est le contraire», a déploré M.Chorfi avec regret. Le RND rejoint l'avis de ses alliés en soutenant la démarche du gouvernement sur ce point. Par contre, du Front national algérien avance une autre version. «Il est inutile de discuter ce sujet», a estimé son président Moussa Touati. Pour lui, il ne fallait pas attendre jusqu'à maintenant pour réagir. «On devait réagir lorsqu'on imposait des restrictions pour le simple citoyen», a-t-il précisé. Le patron du FNA est allé plus loin soulignant que «c'est la France qui a des intérêts en Algérie et non pas l'Algérie». Autrement dit, le patron du FNA considère que le gouvernement doit resserrer l'étau sur les entreprises françaises. Le Parti des travailleurs et celui du RCD n'ont pas fait de commentaire. Toutes nos tentatives pour les joindre n'ont pas abouti. A l'instar de la classe politique, le patronat ne cache pas son mécontentement. Réda Hamiani, président du Forum des chefs d'entreprise (FCE) se dit inquiet. «On n'a pas tous les détails sur cette nouvelle mesure et la signification du terme commerçant. On ne sait pas encore si cette mesure touche les chefs d'entreprise d'une manière générale ou seulement les commerçants. Nous allons rencontrer cette semaine le consul général de France à Alger pour en discuter», a-t-il déclaré au journal électronique TSA. Le consultat oblige désormais, les commerçants à s'engager à ne pas demander de titre de séjour en France ni à bénéficier de prestations sociales ou médicales. En réaction à ces mesures, le ministère des Affaires étrangères a précisé qu'il n'a été «ni informé ni consulté» à ce sujet par les autorités françaises concernées. «Les services du ministère des Affaires étrangères n'ont été ni informés ni consultés au sujet de la nouvelle mesure qui obligerait les milieux d'affaires algériens à s'engager à ne pas demander de titre de séjour ni à bénéficier de prestations sociales ou médicales en France», a indiqué dimanche dernier une source proche du ministère. La même source précise que «cette mesure, si elle venait à être confirmée, laisserait planer le doute de la bonne foi des milieux d'affaires nationaux». Au moment où un réchauffement des relations entre Alger et Paris commence à voir le jour, la question des visas risque de remuer le couteau dans la plaie.