Les mouvements de protestation qui ont éclaté depuis quelques jours dans toutes les wilayas du pays se poursuivent encore. Au niveau de la capitale, plusieurs quartiers se sont révoltés contre les conditions sociales qu'ils vivent, notamment après les augmentations vertigineuses des prix des produits alimentaires. Les quartiers de Belouizdad et Place du 1er-Mai ont vécu des heures mouvementées durant la nuit de vendredi à samedi. Les échauffourées qui ont éclaté entre les forces de l'ordre et les jeunes manifestants dans le quartier populaire de Belouizdad après la prière du vendredi se sont poursuivies jusqu'à une heure tardive de la nuit. Aucun répit n'est accordé aux forces de l'ordre. Les manifestants contestent ce qu'ils considèrent être une insulte au peuple. «Qu'ils pensent un peu au peuple et à ceux qui ne peuvent même pas se payer une baguette de pain. A quoi sert l'argent du Trésor public s'il n'est pas utilisé pour venir au secours du peuple en cas de nécessité, c'est l'argent du peuple», commente un émeutier surchauffé. Les mêmes scènes d'émeutes se sont produites à la Place du 1er-Mai où les mouvements de protestations ont meublé une bonne partie de la nuit. Les manifestants qui ont décidé d'en découdre avec les forces de sécurité pour dénoncer la flambée des prix des produits alimentaires de première nécessité ont saccagé les abribus de la station Aïssat-Idir. Dans ces conditions, le transport était pratiquement introuvable. Des policiers au niveau de la Maison de la presse Tahar-Djaout ont «obligé» un taxieur de transporter une dame qui a failli s'évanouir sous l'effet des gaz lacrymogènes. De violentes escarmouches ont opposé les jeunes manifestants aux policiers devant le regard impuissant des habitants qui regardaient à partir des balcons des immeubles. Chauffés à blanc, les jeunes lançaient des pierres et autres objets sur les policiers qui ripostaient avec des jets de pierre et du gaz lacrymogène pour disperser les manifestants. Un climat de terreur règnait dans cette localité et tous les commerçants ont baissé rideau. La circulation automobile a été perturbée et les automobilistes priés de prendre d'autres itinéraires. Dans les alentours, les citoyens sont gagnés par la psychose et tout le monde court, interroge et se demande à quand la fin des émeutes. Au niveau de la Hassiba Ben Bouali, tous les magasins ont fermé et une forte présence des policiers en uniforme et en civil est constatable. Au Maurétania, des renforts se tiennent prêts à toute éventualité. Pendant ce temps, les gens se dirigeaient vers la Place du 1er-Mai pour prêter main forte aux émeutiers.