La nouvelle génération d'émeutiers, sans idéologie ni couleur politique, ont pour seule identité la classe pauvre et prolétaire. Après une matinée tranquille, les affrontements, même s'ils n'ont pas été aussi intenses et violents que la veille notamment, ont repris dans l'après-midi d'hier au chef-lieu et au campus universitaire d'Aboudaou, à l'instar d'autres localités de la wilaya avec des routes barricadées après le saccage de tout ce qui symbolise l'Etat. Béjaïa était hier matin une ville morte. Les commerçants, par précaution ont baissé rideau, le transport urbain et interurbain a été réduit au simple service minimum, alors que la majorité des Béjaouis sont restés à la maison. Les établissements scolaires qui n'ont pas fait le plein aux premières heures de la matinée ont été peu à peu désertés suite aux initiatives de certains chefs d'établissement de renvoyer par sécurité les élèves chez eux. En somme, c'était le même climat de tension marqué par la consternation affichée aux quatre coins de la wilaya. Les discussions gravitaient autour de la tournure prise par la colère des jeunes, sa portée, les tenants et les aboutissants de cette violence aussi soudaine que spontanée. A Akbou, Amizour, Kherrata ainsi qu'au chef-lieu et partout dans la wilaya, le mouvement associatif, les sages, les associations des parents d'élèves, les directeurs des établissements scolaires n'ont pas cessé d'appeler au calme pour arrêter le saccage et le pillage des édifices publics en parallèle à d'autres appels en vue de canaliser le mouvement vers des revendications sociales claires et objectives. A Barbacha et à Adekar, les citoyens ont marché pour dénoncer la violence, le saccage et le pillage des édifices. Si on ne note pas, fort heureusement, des pertes humaines, on regrette plusieurs blessés enregistrés de part et d'autre. Les forces de l'ordre ont usé de la matraque et autres grenades lacrymogènes et procédé à l'arrestation de plusieurs manifestants jugés dangereux et meneurs de foule. En outre, même si d'aucuns s'accordent à réfuter la spontanéité du mouvement de protestation exprimé par des émeutes violentes, celles-ci ne trouvent pas en revanche, d'encadrement politique comme instrument de lutte qui pourrait transformer les émeutes en revendications sociales structurées. La nouvelle génération d'émeutiers, sans identité idéologique ni politique, avec seulement pour seule identité la classe pauvre et prolétaire, ne décolère toujours pas. Elle semble décidée à faire la sourde oreille aux appels au calme et à la structuration du mouvement lancés essentiellement par les deux ailes de la Laddh et le comité pédagogique de l'université Abderahmane-Mira de Béjaïa. C'est désormais le constat fait par la majorité des anciennes figures des luttes qui ont touché la capitale hammadite. Comment peut-on structurer le mouvement populaire? Quel est le fil conducteur à suivre pour cerner la nouvelle génération d'émeutiers? Quelle est leur intention réelle quant aux suites à donner à cette révolte populaire? Ce sont là quelques questionnements des forces politiques et des activistes connus sur la scène publique. Composée en majorité par des jeunes de moins de vingt ans, la nouvelle génération d'émeutiers ne reconnaît aucune figure, ancienne ou nouvelle, qui ont marqué ou marquent encore la scène politique et associative. En effet, même si personne ne peut ignorer que la goutte qui a fait déborder le vase est la dernière augmentation des prix qui a touché quelques produits de large consommation dont le sucre et l'huile de table, il faut admettre que les manifestants «émeutiers enragés» ne veulent pas limiter leur protestation à une simple manifestation contre la vie chère en s'attaquant, notamment aux édifices publics.