hier matin, la ville d'Oran s'est réveillée comme assommée par les scènes de violence et d'affrontements qui se sont produites dans nombre de quartiers ainsi qu'au centre-ville. Bien qu'aucun chiffre n'ait été communiqué officiellement, l'on parle d'une trentaine de policiers blessés et plus d'une centaine d'émeutiers interpellés, pour la seule journée de vendredi. Dans la nuit de vendredi, les affrontements sporadiques se sont poursuivis notamment dans le quartier Victor-Hugo dit Tirigou où des groupes de jeunes encagoulés ont tenté de s'en prendre au commissariat. Le siège de la banque AGB à Delmonte a été aussi ciblé. Hier matin, les vitres blindées de cet établissement bancaire en portaient encore les traces. Des commerces et des dépôts ont été pillés au Petit Lac et El-Hassi. Un peu partout dans la ville et à la périphérie, une présence policière renforcée est visible donnant l'impression d'un siège dans la ville. Malgré l'empressement des agents des services de nettoiement mobilisés pour dégager les rues, les traces de pneus incendiés sont encore visibles dans plusieurs quartiers, ainsi que les mobiliers urbains vandalisés. Si les commerces ont rouvert timidement durant la matinée, dès 13h, dans l'après-midi, la plupart des commerçants ont baissé rideau par crainte de voir à nouveau des affrontements se produire plus particulièrement dans les principales artères de la ville. Il faut dire que les appels à des marches et des rassemblements pacifiques donnaient rendez-vous aux citoyens, à partir de 14h, à la place du 1er-Novembre. En milieu d'après-midi, une centaine de jeunes, des étudiants et des lycéens portant le drapeau national et une banderole “Djazaïrouna” ont répondu présent, refusant la violence mais voulant quand même exprimer leur ras-le-bol et leur désarroi. “Il n'y a rien pour nous dans ce pays, tout est cher, on ne nous respecte pas.” Les forces de police ont vite fait d'intervenir tentant d'enlever la banderole et de disperser les étudiants. à l'heure où nous mettons sous presse, la dispersion des manifestants n'avait pas encore eu lieu. Bien qu'aucun incident grave n'ait encore été signalé, en milieu d'après-midi, un climat tendu et crispé restait perceptible de partout. Bien des mères de famille s'interrogeaient encore s'il n'y avait pas de risque pour envoyer leurs enfants à l'école demain. Par ailleurs, les représentants de l'UGCAA, qui devraient donner un point de presse aujourd'hui, ont demandé aux grossistes de baisser de moitié leur marge bénéficiaire en guise d'apaisement pour la population. Mais ils attendent surtout des mesures concrètes de la part des pouvoirs publics et d'expliquer que “ce n'est pas le petit commerçant qui est à l'origine de la flambée des prix et de pointer du doigt la TVA et les importateurs”.