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L'Algérie panse ses blessures
LES CASSEURS ONT TERNI LES REVENDICATIONS DES JEUNES
Publié dans L'Expression le 12 - 01 - 2011

Des familles pleurent leurs morts tandis que des milliers d'écoliers n'ont pas repris le chemin des établissements scolaires, vandalisés, détruits ou incendiés au même titre que des biens privés et publics.
Un vaste chantier de l'organisation du commerce reste à mettre en oeuvre. C'est le défi que doit relever Mustapha Benbada qui a la responsabilité de ce secteur. C'est une des premières leçons à retenir de ces émeutes violentes, aveugles et terribles. Les événements dramatiques de ces derniers jours ont donné de l'économie nationale hors hydrocarbures, une image d'économie de bazar qui fait la part belle aux spéculateurs de tout poil. Les producteurs importateurs mais surtout les grossistes, qui pour la majorité d'entre eux travaillent avec de faux registres de commerce, ont remporté la première manche. Des groupes d'intérêts ont fait main basse sur le monopole des produits de consommation de base mais aussi sur le marché des fruits et légumes, les viandes rouges, blanches, le poisson...La flambée des prix et les pénuries touchent tous ces produits depuis déjà belle lurette. Même les revendeurs à la sauvette ont interprété l'intervention du ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales comme une mesure en leur faveur. Ils ont réinvesti les rues et les ruelles pour reprendre leurs activités. La hausse vertigineuse des prix du sucre et de l'huile ne peuvent dans ce cas n'avoir été qu'un prétexte pour allumer la mèche. Les pouvoirs publics ont donné l'impression d'avoir cédé mais seulement par souci d'éteindre l'incendie. En plus d'avoir été sanglantes, les émeutes de ce début d'année vont coûter cher, très cher au Trésor public. Des milliards de dinars. Et qui dit Trésor public dit les citoyens. Toutefois, jeunes et moins jeunes se sont retroussé les manches pour effacer les stigmates de près d'une semaine d'émeutes. Le vide laissé par la classe politique dans son ensemble sur le terrain a été comblé de manière magistrale par la société civile. C'est le cas notamment à Béjaïa, où elle a joué le rôle de soupape de sécurité. Elle a lancé des appels répétés au calme pour mettre fin à un mouvement de protestation qui dirigeait le pays tout droit vers une issue incertaine et dramatique, sinon carrément vers le chaos. Ces émeutes ont cristallisé toutes les frustrations: logement, chômage, amélioration du pouvoir d'achat... et mis en exergue la Hogra. Certes, il n'y a pas eu de slogan. Cela s'est traduit à travers le discours tenu par des jeunes révoltés inquiets quant à leur avenir. Les gestes, quant à eux, ont été d'une violence extrême. C'est à se demander pour quelles raisons, pourquoi un tel saccage a été commis. Des abribus détruits, des établissements scolaires, des mairies...vandalisés et incendiés. Des blessés et surtout des jeunes qui ont laissé leur vie. Si pour les dégâts et les blessés, les cicatrices peuvent disparaître avec le temps, les traumatismes causés par la perte d'êtres chers provoquent par contre, des séquelles que rien ne peut effacer. Le témoignage du père d'une des victimes à un de nos confrères porte en lui toute la douleur de cette tragédie. Reste l'image d'un fils irréprochable qui demeurera gravée en lui jusqu'à la fin de ses jours. «Il était à la maison en train de regarder la télévision. Il est sorti à la demande de sa mère pour partir à la recherche de son jeune frère...» Abdelfettah Akriche ne reviendra pas vivant de Bousmaïl. Il y a des drames qui seront impossibles à effacer et des vies brisées par...«malchance».

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