L'Irak et le Koweït ont décidé hier d'accélérer la résolution des problèmes qui empoisonnent leurs relations depuis la Guerre du Golfe, à l'occasion d'une visite historique à Baghdad du Premier ministre koweïtien. Cheikh Nasser Mohammad al-Ahmad al-Sabah, dont la visite n'avait pas été annoncée, est le premier chef de gouvernement koweïtien à se rendre dans la capitale irakienne depuis la Guerre du Golfe (1990-1991). La dernière visite d'un Premier ministre koweïtien, celle de cheikh Saad al-Abdoullah al-Sabah, remontait à 1989, un an avant que les forces de l'ex-président Saddam Hussein n'envahissent le Koweït. Cheikh Nasser a été accueilli en grande pompe à l'aéroport de Baghdad par son homologue irakien Nouri al-Maliki, selon des images de la télévision publique. Après une revue des troupes, les deux hommes ont gagné les bureaux de M.Maliki, dans le centre de la capitale, où ils ont évoqué les différents sujets de contentieux que les deux pays entretiennent depuis la guerre. «Ils ont décidé de former une commission dirigée par les deux ministres des Affaires étrangères qui s'efforcera de régler au plus vite ces questions», a déclaré Ali Moussawi, un conseiller du Premier ministre. «Cette discussion a eu lieu dans un climat positif», a-t-il poursuivi. «Les deux parties ont montré leur volonté de développer leurs relations et de dépasser les problèmes liés à la frontière, à l'économie et à la sécurité». Le Koweït a fait part, selon M.Moussawi, de la volonté de son émir de participer en personne au sommet arabe que l'Irak doit organiser au printemps. «Cette visite constitue un message politique très important au moment où l'Irak prépare l'organisation du prochain sommet arabe», a estimé le vice-ministre irakien des Affaires étrangères, Labid Abawi. Si le Conseil de sécurité de l'ONU a levé en décembre une série de sanctions qui avaient été imposées à l'Irak de Saddam Hussein après l'invasion du Koweït, Baghdad, même débarrassé de son ancien président, est encore loin d'en avoir terminé avec les conséquences de cette guerre. L'Irak doit encore régler avec son voisin un certain nombre de points de contentieux pour sortir définitivement du chapitre VII de la charte de l'ONU, qui autorise le recours aux sanctions ou à la force, et recouvrer sa pleine souveraineté. Cela passe notamment par une reconnaissance officielle par Baghdad des frontières terrestres et maritimes du Koweït, la restitution des biens et des archives volées, la résolution du problème des disparus. En outre, l'Irak doit encore verser 21 milliards de dollars sur les 65 fixés pour les compensations au Koweït. L'Irak conteste, notamment les frontières telles que tracées en 1993 par le Conseil de sécurité. S'il est prêt à reconnaître la frontière terrestre du Koweït, il estime que sa frontière maritime lui bloque l'accès au Golfe, vital pour son économie. Il voudrait donc d'abord fixer avec le Koweït des voies d'eau.