Lâché par les Occidentaux, l'ex-président tunisien a laissé place à une ouverture démocratique. Hier, l'ex-président tunisien n'était sûr que d'une chose: qu'il n'est plus président. La veille, en quittant le pays, Ben Ali était toujours officiellement en poste. Il espérait sans doute revenir au pouvoir après un retour au calme dans le pays. Mais ce n'est pas l'avis du Conseil constitutionnel qui a décrété la vacance du pouvoir. Pour le reste, c'est le flou sur l'avenir du président et de sa famille. La première question qui se pose est de savoir si l'exil saoudien est définitif ou s'il n'est que temporaire. Dans ce cas, quelle sera sa prochaine destination? Serait-ce un autre pays arabe comme le Qatar? Hier, le président, s'est retrouvé en complet désoeuvrement après des années au pouvoir. Ben Ali est arrivé dans la nuit de vendredi à samedi à l'aéroport de la ville portuaire de Jeddah, sur la mer Rouge, en compagnie de six membres de sa famille dont son épouse Leïla. Ben Ali est père de six enfants, dont trois d'un premier mariage. Le royaume justifie sa position. Le gouvernement a accueilli le président Zine El Abidine Ben Ali et sa famille dans le royaume en considération pour les circonstances exceptionnelles que traverse le peuple tunisien, a annoncé le cabinet royal dans un communiqué. Les autorités se sont abstenues de tout détail sur le lieu de résidence du président ou la durée de son séjour. Des témoins ont, par contre, affirmé avoir vu un convoi officiel se diriger vers le palais des hôtes du quartier cossu d'Al-Hamra, près du bord de mer. Auparavant, la France a refusé de l'accueillir. C'était une source proche du gouvernement français qui avait indiqué que Paris ne souhaitait pas la venue sur son sol du président tunisien, expliquant notamment cette position par le risque de mécontentement de la communauté tunisienne dans le pays. Lors de son premier jour d'exil, Ben Ali n'a pas eu beaucoup de contacts avec des dirigeants d'autres pays. Le seul à avoir été appelé au téléphone est le numéro un libyen Mouammar El Gueddafi. Il paraît que des contacts ont eu lieu avec le leader libyen dans la journée d'avant-hier. L'avion du président aurait survolé le territoire libyen. L'appareil a aussi survolé vendredi soir l'espace aérien maltais en direction du nord, selon un porte-parole du gouvernement maltais.Plus tôt dans la journée, quelques sources ont avancé Montréal au Canada comme probable destination de repli pour la famille du président Zine El Abidine Ben Ali: c'est à Westmount, quartier où vit l'élite anglophone de la ville, que Sakher El Materi, homme d'affaires, et Nesrine Ben Ali ont acquis en juillet 2008, pour 2,55 millions de dollars, une villa. Nesrine est arrivée à Montréal mardi soir, en compagnie de son époux. Un exil n'est pourtant pas suffisant pour que Ben Ali puisse savourer ses jours de retraite. Des ennuis financiers pourraient bien constituer une nouvelle embûche sur le chemin de sa retraite. La menace vient de la France. Le pays a pris les dispositions nécessaires pour que les mouvements financiers suspects concernant des avoirs tunisiens en France soient bloqués administrativement, a indiqué hier le président Nicolas Sarkozy. S'agit-il des comptes bancaires du président ou de son entourage? Le Premier ministre Ghannouchi était aussi interrogé sur le sort de la famille proche de Ben Ali soupçonnée de corruption. Il a annoncé que des mesures préventives avaient été prises à l'égard des membres de sa famille faisant allusion à des arrestations et sans donner de noms. Il a indiqué qu'une commission d'enquête devrait ensuite établir les responsabilités de chacun. Certains de ses proches ont trouvé refuge dans un hôtel à Paris et sont accompagnés de leur propre équipe de sécurité. Elles y sont depuis quelques jours avant même le départ de Tunisie de Zine El Abidine Ben Ali. Il n'est pas à écarter que ce dernier soit l'objet de plaintes dans certains pays.