Hier matin, les bureaux de vote étaient déserts. Ils étaient bondés les quatre premiers jours de cette consultation historique qui a débuté le 9 janvier. Le Sud-Soudan votait hier au dernier jour d'un référendum sur son indépendance attendu depuis un demi-siècle et dont l'issue ne fait désormais plus aucun doute au sein d'une population qui a voté massivement pour la sécession. «Je viens de voter pour la sécession», se félicite George Emmanuel, qui a fait un voyage de six jours en autocar, d'El-Obeid (nord) à Juba, capitale du Sud-Soudan qui vit depuis une semaine au rythme du référendum. Hier matin, les bureaux de vote étaient déserts. Ils étaient bondés les quatre premiers jours de cette consultation historique qui a débuté le 9 janvier. «La participation avoisine 90% au Sud-Soudan», a déclaré, hier à Khartoum, l'ex-président américain Jimmy Carter, dont la fondation éponyme observe le scrutin. «Nous avons observé un processus très ordonné au Nord comme au Sud», a-t-il ajouté. Le vote s'est déroulé dans le calme à travers le Sud-Soudan, mais des violences dans l'enclave contestée d'Abyei, la région pétrolière sudiste d'Unité, et une attaque contre un convoi du Sudistes dans la province nordiste du Kordofan-Sud ont fait au total au moins 55 morts. La commission référendaire a annoncé cette semaine un taux de participation supérieur à 60%, seuil nécessaire pour la validation du scrutin. Les résultats préliminaires pourraient filtrer au cours des prochains jours, et les résultats définitifs sont attendus pendant la première moitié du mois de février. Mais le triomphe de l'option sécessionniste ne fait plus l'ombre d'un doute pour la population, les analystes et les observateurs, la seule question est de savoir quel sera le pourcentage de soutien à cette option. Le président soudanais, Omar El Bechir, s'est engagé à respecter le résultat du référendum. «Je pense qu'ils (au Nord) vont reconnaître les résultats immédiatement», a affirmé M.Carter. Les rebelles sudistes, favorables à l'indépendance, avaient récolté 93% d'appuis aux élections d'avril. Pour le référendum, ils ont eu le champ complètement libre, le gouvernement central de Khartoum n'ayant pas mené de campagne pour convaincre les quatre millions d'électeurs sudistes d'opter pour le maintien de l'unité du Soudan. «Nous deviendrons un pays, nous aurons sans doute besoin d'avoir un visa pour aller au Nord» du Soudan, claironne Peter Mariak, qui célébrait la future indépendance tard la nuit de vendredi à samedi, dans un bar de Juba. «Vive le référendum, vive l'indépendance», clame le DJ, sous fond de hip-hop endiablé. Mais dans la capitale soudanaise Khartoum, l'ambiance n'était pas à la fête au dernier jour de cette consultation devant conduire dès juillet à la partition du plus vaste pays d'Afrique entre un Nord de 32 millions d'habitants, musulmans et en grande partie arabes, et un Sud comptant environ neuf millions de personnes qui se considèrent «africaines». «Je suis triste, je ne suis pas en faveur de la sécession. S'il n'y avait pas la politique, nous demeurerions unis», pense Moustafa Mohamed, un jeune employé du gouvernement, établi à Khartoum, où les bureaux de vote étaient aussi désertés hier. La sécession du Sud est une pilule difficile à avaler pour plusieurs nordistes confrontés de surcroît à une hausse vertigineuse des prix des denrées alimentaires et de l'essence. Les Sudistes vivant dans le Nord du Soudan et à l'étranger avaient aussi le droit de vote pour ce scrutin prévu par l'accord de paix ayant mis fin en 2005 à la seconde guerre civile Nord-Sud. Les Sud-Soudanais avaient pris pour la première fois les armes en 1955, signé la paix en 1972, puis renoué avec la lutte armée en 1983.