La notion d'entreprise culturelle en substitution à celle d'association ou troupe artistique a été au centre d'un débat sur «la réconciliation théâtre-public», tenu samedi à Oran. Cette rencontre, tenue à l'Institut de développement des ressources humaines d'Oran (Idrh), a été animée par l'auteur dramaturge Mourad Senouci et le comédien et metteur en scène Samir Bouanani, qui se sont appuyés sur leurs propres expériences dans le domaine théâtral. Ils ont évoqué à ce titre, l'histoire de la création et de la réussite de Metzeouedj fi otla (Un marié en vacances), une pièce majeure dans la success story des deux artistes pour avoir dépassé le seuil des 100 représentations depuis son montage en 2006. Ce spectacle, qui a été présenté à guichets fermés dans la plupart des salles du pays et à l'étranger (France et USA), a vu le jour dans le cadre des activités des deux intervenants au sein de leur troupe, Hammou Boutlélis, dont la création remonte à 1979. Un marié en vacances est un monologue hilarant écrit par Mourad Senouci et joué par Samir Bouanani qui campe le rôle d'un époux heureux de recouvrer sa liberté pendant l'absence de sa femme partie en voyage. Selon l'auteur, certains critères comme le choix de la langue d'expression (arabe dialectal), l'histoire racontée et les qualités du comédien sont pour beaucoup dans la réussite de cette pièce, mais ce succès a été également impulsé en amont par une démarche de gestion et de communication. De son côté, l'économiste et directeur de l'Idrh, M.Mohamed Bahloul, a mis l'accent sur la nécessité de promouvoir certains métiers à l'instar de celui d'agent culturel pour mieux rapprocher les opérateurs économiques et les troupes culturelles. Il a estimé, en outre, que la désertion quelquefois observée dans certaines salles n'est pas forcément le reflet d'un désintérêt du public, plutôt de la déconnection entre les espaces culturels et le développement économique de la ville. «La culture est un projet de plus en plus lié aux fonctionnalités urbanistiques», a-t-il souligné en illustrant ses propos par l'exemple d'absence de parkings autour de certains établissements culturels. Pour sa part, M.Azri Ghaouti, directeur du Théâtre régional Abdelkader-Alloula d'Oran (TRO) a mis l'accent sur les investissements de l'Etat sur le plan des infrastructures et du soutien des billets d'entrée. Selon le responsable du TRO, l'aide de l'Etat est indispensable pour permettre le maintien ou la baisse des prix en faveur du large public.