Si le renseignement américain s'est doté depuis quelques années, outre des services de sécurité concernés, d'une « cellule Ben Laden », qui dispose de tous les moyens humains et technologiques, l'Europe se trouve confrontée depuis 1991 au flux des réfugiés politiques islamistes et a essayé de « gérer » ce mouvement, pour le moins encombrant. Depuis le 11 septembre, jour de l'attentat spectaculaire contre les USA, les pays de l'Union accordent plus d'intérêt à la gestion de leur «poudrière islamiste». Ainsi, les services de sécurité de ces pays ont déployé une véritable traque contre les éventuels complices des auteurs des attentats anti-américains. Le fichier Schengen a été ouvert à cet effet, ainsi qu'Interpol et, depuis peu, Europol, et tous ces services tiennent, depuis deux jours, des réunions d'échanges d'informations multilatérales. Si Londres est la capitale de l'islamisme en Europe, c'est indéniablement les services de sécurité français et le DST qui semblent être à la pointe du renseignement, et ce, pour des raisons géographiques évidentes. Contrairement aux autres capitales européennes qui ont découvert l'islamisme radical, notamment algérien, à partir de 1990, Paris a vécu la montée du FIS dès 1989, dans la périphérie, notamment, et les cités lyonnaises et phocéennes. Au Royaume-Uni, c'est la section antiterroriste de Scotland Yard qui s'occupe des affaires islamistes. Près de trois millions de musulmans vivent sur le sol britannique, et dans ce magma bouillonnant, des centaines d'activistes de radicaux sont répertoriées et fichées. Très bien implantées aussi bien en France qu'en Angleterre, les «cellules» GIA sont très actives lorsque les événements sont en leur faveur. Sinon les activistes affichent un profil bas et laissent passer la tempête. Les agents «dormants» sont aussi essentiels aux cellules. Fonctionnaires ou commerçants, leurs papiers en règle, ils sont «Monsieur tout le monde», jusqu'à ce que l'action soit déclenchée. Entre 200 et 300 éléments affiliés au GIA sont présents dans l'Hexagone et près de 1000 sont recensés en Grande-Bretagne. En Allemagne, ce sont les services secrets (BND), l'Office de protection de la constitution (renseignement intérieur) et la police criminelle fédérale (BKA) qui mènent les investigations. Pour le côté judiciaire. L'intérêt porté par le FBI à Francfort, Hambourg et Bonn a incité les services spéciaux allemands à passer en revue tous les activistes de quelque obédience qu'ils fussent, soit un fichier de 2000 personnes. En Espagne, même si l'ETA focalise l'essentiel du renseignement, les services secrets enquêtent également sur les réseaux islamistes. En Suisse, c'est Mourad D'hina, ingénieur en physique et tête pensante du Fida, qui est au centre des intérêts de la police helvétique. C'est lui le principal concepteur, celui par qui tout transite et autour duquel tout s'articule. En Belgique, c'est le «GIA» qui mène l'enquête contre le... GIA. Le GIA belge, c'est le Groupement d'intervention antiterroriste (GIA), du ministère de l'Intérieur, et en face, c'est la cellule Ahmed Zaoui qui active et semble être une des plaques tournantes de l'activisme du GIA algérien. A l'instar des autres pays, la Belgique prévoit déjà de sérieux rétrécissements des aires d'activité islamiste. Aux Pays-Bas, il n'y a pas que le sexe, la drogue et l'Ajax. Il y a aussi les activités islamistes en grand nombre, «gérées» par un procureur chargé des affaires terroristes et une section de police spécialisée. Hier, la police de ces pays a évoqué dans une réunion à Bruxelles, l'existence d'une «piste des moudjahidine » qui « auraient des liens avec Ben Laden». On parle d'une «mouvance assez internationale». Plusieurs arrestations ont été opérées dans ce sens, mais aucun Algérien, pour le moment, n'a été sérieusement impliqué. L'information, qui a circulé dans les milieux européens de la sécurité faisant état d'éventuels attentats contre des objectifs américains en Europe, a mis en état d'alerte les polices et les services de renseignement. Le GIA avait, jusque-là, bénéficié d'une certaine complaisance de la part de certains pays de l'Union, qui découvrent, aujourd'hui, que le terrorisme n'est pas manipulable à l'infini, et qu'il risque de se retourner contre eux à tout moment. Il était peut-être temps que l'Europe se réveille de ses jeux d'organisation et de manipulation, avant qu'elle ne se réveille, un jour futur, sur un autre WTC européen.