Ce débrayage compliquera la vie aux malades devant effectuer continuellement des séances de dialyse et de chimiothérapie. Les différentes sollicitations des ambulanciers privés adressées au Premier ministre et respectivement aux ministres de la Santé, du Travail et des Finances, demeurées sans réponse, risquent d'être derrière le débrayage illimité que cette corporation prépare. Cet éventuel mouvement de protestation ne sera indubitablement pas sans conséquences. «En cas de grève, 80% des 19.000 malades effectuant des séances de dialyse et transportés par les ambulanciers privés risquent de voir leur situation se compliquer», a déclaré à L'Expression Benzahia Lakhdar, vice-président de la Fédération nationale de la section transport sanitaire et ambulance (Fnstsa). Cette frange de malades, déjà souffrante, n'aura pas la vie facile. Au niveau des hôpitaux, elle n'est que rarement transportée par les ambulances «réservées aux urgences», nous apprend un administrateur au CHU Mustapha-Bacha comme si les séances de dialyse n'en font pas partie. «C'est mon frangin qui assure mon transport. Parfois, il se trouve obligé de s'absenter au travail, rater des rendez-vous importants...et cela à cause du manque d'ambulances», relate, péniblement, un insuffisant rénal. Le nombre de malades en stand-by renseigne sur cette anomalie constatée de visu dans certains hôpitaux et CHU de la capitale. Ainsi, les patients sont contraints de faire appel à des chauffeurs de taxi pour effectuer leurs déplacements. Ce n'est pas la bonne solution. Et ils en sont conscients. Mais si la grève de tous les ambulanciers privés prend effet, ces malades n'auront pas d'autre choix. Si le gouvernement continue à faire la sourde oreille, la section transport sanitaires et ambulanciers relevant de la Confédération algérienne du patronat (CAP), organisera une assemblée générale qui sera déterminante quant aux mesures à prendre, fait savoir M.Benzahia. Pour avoir la version des parties concernées, nos tentatives étaient vaines. La Cnas, les départements du travail et de la santé n'ont voulu répondre à aucune de nos sollicitations. D'autre part, il faut relever que quelques milliers de malades appelés à suivre des séances de chimiothérapie, risquent fort de se retrouver dans une situation compliquée. En dépit de son importance, le transport sanitaire semble être le maillon faible d'une longue chaîne. Les problèmes rencontrés par les ambulanciers sont légion. Le nombre des opérateurs y exerçant a baissé d'une façon significative. Dans la correspondance envoyée le 13 décembre 2010 au Premier ministre, Ahmed Ouyahia, et dont une copie nous a été remise, il est écrit: «Nous souhaitons, monsieur le Premier ministre, vous faire part de nos préoccupations, des difficultés rencontrées (...), qui nous obligent à mettre fin à nos activités qui comptaient 320 opérateurs et qui actuellement ont chuté de plus de 50%.» Il est certains que le problème inhérent à la TVA liant cette corporation au ministère du Travail, est sur toutes les lèvres. D'ailleurs, au Premier ministre, les transporteurs concernés ont fait savoir que «nous avons introduit une demande d'exonération de TVA pour les prestations de transport aux malades ayants droit, auprès du ministère des Finances, sachant que les directions des impôts des wilayas imposent aux transporteurs de payer cette taxe qui est de l'ordre de 17% alors que nous n'avons pas le droit de la facturer à la Cnas». Pas de réponse, regrette M.Benzahia. L'autre problème de taille auquel sont confrontés les transporteurs sanitaires a trait à l'acquisition des ambulances par crédit bancaire. «La grande majorité a des problèmes avec les banques ainsi que les services des impôts», souligne notre interlocuteur. L'épilogue de ce feuilleton parait si loin que le débrayage des transporteurs sanitaires se précise jour après jour.