Syndicats et lycéens dénoncent «le bourrage et la précipitation» dans l'application du programme. La contestation des lycéens prend de l'ampleur à l'échelle nationale. Elle suscite même des réactions, aussi diverses que contradictoires. Les syndicats autonomes de l'éducation se sont mis de la partie. «Nous soutenons le mouvement de contestation des lycéens», a déclaré Idir Achour, chargé de communication du Conseil des lycées d'Alger (CLA), joint hier par téléphone. La contestation des lycéens fait tache d'huile dans plusieurs wilayas du pays. Le vent de colère a touché Alger, Tizi-Ouzou, Béjaïa, Boumerdès, Oran et d'autres wilayas du pays. «Les élèves lancent un SOS. Ils sont en train de subir une accélération du programme qui les empêche de suivre leurs cours. Ils n'arrivent pas à assimiler leurs leçons», a déploré Idir Achour. Il a mis en garde contre l'intensification de la contestation, voire sa radicalisation. Ce mouvement annonce-t-il une perturbation scolaire qui pourrait s'inscrire dans la durée? Les observateurs ont estimé que seule une réponse convaincante du ministère aux revendications des lycéens est à même d'éteindre le feu de la colère. La situation devient inquiétante. «Nous sommes contre cette manifestation des lycéens qui risque de perturber leur scolarité», a indiqué pour sa part Ahmed Khaled, président de l'Union nationale des associations de parents d'élèves. Il a estimé que les élèves ne doivent pas se substituer au rôle des pédagogues pour se prononcer sur la qualité des cours dispensés. Seulement, il a récusé le chiffre officiel des établissements où le retard dans l'application du programme scolaire est constaté. «Le nombre des établissements qui connaissent ce retard, avoisine la centaine», a-t-il indiqué. En ce sens, il a mis l'accent sur le déficit en enseignants, notamment dans le département des langues étrangères, enregistré à l'échelle nationale. «Ce déficit est constaté dans pas moins de 14 wilayas du pays», a précisé Ahmed Khaled. A contrario, le ministre de l'Education nationale, Boubekeur Benbouzid, a assuré, mercredi, que seule «une quinzaine de lycées, sur quelque 2000 établissements du secondaire que compte le pays, connaissent quelques perturbations dans l'exécution des programmes». Il s'est voulu rassurant dans l'exposé qu'il a présenté devant la commission juridique de l'APN. «Aucun retard significatif n'a été enregistré dans l'exécution des programmes scolaires, ce qui fait que les élèves profiteront de tous leurs congés scolaires», a-t-il expliqué. Mais les syndicats autonomes ne l'entendent pas de cette oreille. «La colère des lycéens montre que le ministère verse dans des solutions de replâtrage au lieu d'asseoir une politique éducative à long terme», a dénoncé de son côté Salem Sadali, secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef), joint par téléphone. Il a déploré le retard accumulé dans plusieurs matières essentielles. «Cette façon de faire a ramené les heures de dispense de cours des matières importantes dans la filière des sciences technologiques, de 18h à 6h par semaine», a soutenu M.Sadali. Pourtant, le ministre de l'Education nationale, M.Benbouzid, a annoncé, récemment, une série de mesures pour assurer le bon déroulement du programme scolaire. En ce sens, il a indiqué que les sujets d'examen du Bac «seront puisés dans le programme scolaire enseigné aux élèves durant l'année». Aussi, a-t-il fixé au 12 mai l'arrêt des cours. Le début des épreuves du Bac est prévu le 11 juin. Le ministre a, également, donné des instructions aux responsables des conférences régionales en vue d'offrir toutes les conditions nécessaires à l'application des programmes scolaires «dans les meilleures conditions, sans bourrage ni précipitation, pour garantir à l'élève une meilleure assimilation des cours». Le ministre se montre rassurant. Cependant, les indices sur le terrain sont autres, selon les syndicats de l'éducation.