A quinze mois de l'élection présidentielle à laquelle il sera, selon toute vraisemblance, candidat, un mandat réussi à la tête des G8 et G20 lui permettrait de redorer un blason qui s'est sérieusement terni depuis 2007. Le président français, Nicolas Sarkozy, donne demain le véritable coup d'envoi de sa présidence des G8 et G20 par une conférence de presse qui doit largement déborder sur les questions internationales, à l'heure où Paris est critiqué pour son attitude dans la révolution tunisienne. Le chef de l'Etat français doit ouvrir cette conférence de presse, la troisième seulement depuis le début de son mandat, par un propos liminaire d'environ quarante minutes sur sa «vision» de la présidence française des G8 et G20, selon l'Elysée, avant de répondre pendant plus d'une heure aux questions. Devant quelque 300 journalistes et les ambassadeurs étrangers en poste à Paris, M.Sarkozy a déjà prévu de répondre aux accusations de «connivence» ou de «complaisance» lancées par l'opposition contre sa diplomatie et sa ministre des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie à la faveur de la chute du régime du président tunisien Zine El Abidine Ben Ali. Il devrait également y être interrogé sur la lutte contre le terrorisme dans la région du Sahel, après la mort de deux otages français aux confins du Mali et du Niger, les menaces proférées vendredi par Oussama Ben Laden contre la présence française en Afghanistan ou la crise politique en Côte d'Ivoire. Mais, alors que la crise continue à peser sur l'économie du monde, le président français souhaite d'abord profiter de ce rendez-vous pour présenter ses «pistes de travail» et un premier calendrier sur chacun des grands chantiers inscrits à son agenda. Depuis des semaines, Nicolas Sarkozy a décliné ces priorités lors de ses rencontres et échanges avec les principaux chefs d'Etat et de gouvernement de la planète: réforme du système monétaire international et de la gouvernance mondiale, lutte contre la volatilité du prix des matières premières, notamment agricoles, et mise en place de financements innovants pour le développement. Même si, fidèle à son image volontaire, il a affiché sa volonté d'avancer sur tous ces thèmes, les ambitions restent mesurées. «Les enjeux sont extrêmement complexes, il faut être modeste, ne pas créer des attentes qui seraient déçues, mais avancer sur des idées concrètes», plaide-t-on dans son entourage. Un an de présidence française ne suffira pas à régler ces dossiers et le chef de l'Etat souhaite avancer en «étroite coopération» avec les autres pays, ajoute-t-on. Les sherpas des pays membres des G8 et G20 seront d'ailleurs réunis à l'Elysée de lundi à mercredi pour entrer dans le vif des sujets. Après d'autres réunions ministérielles, Nicolas Sarkozy devrait ensuite lui-même ouvrir, en mars à Pékin, un séminaire d'experts consacré aux questions monétaires. Avant de présider le G8 à Deauville (nord-ouest de la France) fin mai et le G20 à Cannes (sud) début novembre. Selon l'Elysée, le président doit consacrer tout son week-end à préparer sa conférence de presse, qui ouvre un cycle crucial pour lui. A quinze mois de l'élection présidentielle, à laquelle il sera selon toute vraisemblance candidat, un mandat réussi à la tête des G8 et G20 lui permettrait de redorer un blason qui s'est sérieusement terni depuis 2007. De 65 à 71% trois mois après son élection, sa cote de popularité n'a cessé de s'effondrer pour végéter entre 30 et 33% début 2011. Pour Bruno Le Maire, ministre de l'Agriculture et délégué général du parti présidentiel UMP en charge du «projet» pour 2012, la présidence des G8 et G20 «doit permettre à Nicolas Sarkozy de consolider sa crédibilité internationale».