Les discussions sur le nucléaire entre l'Iran et les grandes puissances, qui redoutent que Téhéran cherche à se doter de l'arme atomique, se sont terminées hier, sans aucune avancée. Sur un constat d'échec, Mme Ashton, chef de la diplomatie de l'UE et intermédiaire des «Six» a indiqué qu' «aucune nouvelle discussion» n'était prévue avec Téhéran sur son programme nucléaire. Les représentants des Six (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne, Allemagne) et de l'Iran se sont rassemblés hier matin au Palais de Ciragan, luxueux édifice ottoman sur le Bosphore, dans le centre d'Istanbul, pour une nouvelle journée de discussions. La réunion plénière des délégations qui a été précédée d'une réunion des représentants du Groupe de Vienne (Etats-Unis, Russie, France), selon une source diplomatique occidentale, a été aussi infructueuse que celle de vendredi. Selon un autre diplomate occidental, un représentant iranien était également présent. Selon des diplomates occidentaux, l'ordre du jour de cette réunion était d'explorer les possibilités «d'avancer» sur la question d'un éventuel échange d'uranium, ou sur «d'autres mesures pratiques pour bâtir la confiance» entre les deux parties. Les grandes puissances recherchent un accord révisé sur cette question, par rapport à une proposition initiale de 2009. L'Iran a rejeté en 2009 un projet du groupe de Vienne d'envoi en Russie de 1200 kg d'uranium iranien faiblement enrichi pour obtenir en contrepartie de la Russie et de la France du combustible pour le réacteur de recherche médicale de Téhéran. En mai 2010, l'Iran a présenté avec la Turquie et le Brésil une contre-proposition prévoyant d'envoyer en Turquie 1200 kg de son uranium pour faire l'échange. Les grandes puissances ont ignoré cette offre, qui ne prenait pas en compte les quantités d'uranium enrichi produites par l'Iran depuis 2009. La journée de discussions à Istanbul, vendredi, n'avait pas enregistré d'avancées concrètes. La chef de la diplomatie de l'Union européenne, Catherine Ashton, qui s'est entretenue en tête-à-tête avec le négociateur en chef du nucléaire iranien Saïd Jalili, un échange qui s'est avéré «pas concluant», s'est dit «déçue» des conclusions des discussions avec l'Iran qui se sont achevées à Istanbul, et affirmé qu' «aucune nouvelle discussion» n'était prévue. «Je suis déçue», a-t-elle dit lors d'une conférence de presse, à l'issue des discussions entre les Six et l'Iran. «Il est essentiel que l'Iran démontre que son programme nucléaire est de nature pacifique», a souligné la diplomate. Mme Ashton est l'intermédiaire du groupe des Six qui exige des garanties sur le programme nucléaire de l'Iran, soupçonné depuis des années de chercher à se doter de l'arme nucléaire. L'entretien de vendredi a duré une heure et demie, et «on a beaucoup parlé, mais les positions restent les mêmes», a expliqué un diplomate. Le négociateur iranien a déclaré que son pays voulait que son droit à l'enrichissement de l'uranium soit reconnu, et a demandé aussi la levée des sanctions internationales contre l'Iran, comme conditions préalables à un début de discussions sur un échange de combustible, selon ce diplomate. «Honnêtement, on peut dire que l'entretien (bilatéral) n'a pas été concluant», a-t-il ajouté. Plus tôt dans la journée, un haut diplomate iranien avait assuré qu'il n'était pas question de parler à Istanbul d'une suspension de l'enrichissement.