Aujourd'hui avec ses 296 chambres, ce palace ne désemplit pas. Le secteur public n'est frappé d'aucune fatalité. Si beaucoup d'entreprises de ce secteur ne parviennent pas à maintenir la tête hors de l'eau, d'autres font des «miracles». Saïdal, l'Aadl et l'hôtel El-Djazaïr en sont les plus beaux exemples. Contrairement à notre producteur de médicaments qui, à son corps défendant, fait beaucoup parler de lui, les managers de la prestigieuse structure hôtelière semblent avoir opté pour la discrétion. A chacun sa méthode, à chacun sa stratégie. L'essentiel est dans le résultat de gestion. Depuis un peu moins de trois années, c'est-à-dire depuis l'arrivée d'une jeune et dynamique équipe, parmi laquelle on peut citer le P-DG M.Amine Messaïd, le directeur commercial et de l'exploitation M.Kamel Hamamouche ou encore leur assistant M.Benallal, l'hôtel El-Djazaïr s'est hissé parmi les entreprises les plus performantes du pays. Malgré un tourisme qui traîne une atrophie chronique, l'hôtel a su retourner à son profit certaines particularités qui pouvaient pourtant paraître handicapantes à première vue. Vieux de plus d'un siècle, l'édifice est d'autant plus difficile à entretenir qu'il a été construit en 1889 sur l'emplacement d'un vieux palais turc dont certains vestiges sont toujours préservés. Il ne paraît pas évident qu'un si vieux site puisse être doté des commodités les plus modernes, au point de se hisser et de se maintenir au prestige que confère l'attribut cinq étoiles. C'est le tour de force que réussissent avec brio les responsables. Des cartes magnétiques pour l'accès aux chambres jusqu'à la rénovation des salles de bains, mises au goût des dernières découvertes, telles la balnéothérapie en passant par l'extension et la construction d'un parking couvert pour 100 véhicules, tout a été fait dans le respect du cachet historique de ce patrimoine culturel. Même le célèbre architecte Pouillon n'a pas eu la présence d'esprit de réfléchir au problème que posait le nombre croissant de véhicules lorsqu'il entreprit, en 1982, l'extension de l'hôtel. Il faut dire qu'en 1889, c'était l'écurie qui était nécessaire, vu que le seul moyen de locomotion était le calèche, tiré par des chevaux. Aujourd'hui avec ses 296 chambres, l'hôtel ne désemplit pas. Difficile pour le non-averti de trouver une place. Les réservations sont faites longtemps à l'avance. De plus, l'introduction de l'Internet facilite la tâche aux clients attitrés, fussent-ils en Australie. Et il y en a. Si l'hôtel El-Djazaïr est si prisé, cela tient à plusieurs facteurs. D'abord, le standing qu'il offre. Mais pas seulement, car l'ambiance chaleureuse qui se dégage ne se retrouve nulle part ailleurs. Sa situation centrale dans la capitale fait que tous les hommes d'affaires veulent y élire domicile. La sécurité est sans faille. Elle est assurée par une équipe de jeunes qui allient compétence, bonne humeur et fermeté. Ils ont pour prénoms, Halim, Farid, Toufik. L'autre atout non négligeable, au milieu du béton de la capitale, est le jardin botanique avec ses 300 espèces de plantes. Véritable espace paradisiaque où viennent se détendre les clients. Toutes ces conditions ne sont pas réunies naturellement et sans aucun effort. Un entretien de tous les instants et beaucoup d'imagination pour la mise en relief sont déployés. A ce titre, il est utile de rappeler que l'hôtel dégage, certes, des bénéfices, mais ils sont aussitôt réinvestis dans les équipements et la rénovation. A quoi s'ajoute la réfection en cours de l'hôtel Transat de Bou Saâda (Sud algérien) qui, a-t-on appris, est un bien de l'hôtel El-Djazaïr. Sa réouverture est prévue dans 6 mois. Au tout début, nous évoquions le «miracle». En fait il n'y en a pas. Que ce soit à Saïdal, à l'Aadl ou à l'hôtel El-Djazaïr, que ce soit dans le privé ou dans le secteur public, c'est une affaire d'hommes. D'équipes dirigeantes. Des fils d'une Algérie qui gagne.