Ce n'est pas pour rien qu'Alger se veut la référence en matière de lutte contre le terrorisme. Il est vrai que les attentats du World Trade Center y sont pour quelque chose mais il faut bien admettre aussi que les thèses algériennes ont fini par avoir un écho favorable auprès de tous ceux qui considéraient, et ils sont nombreux, que les violences islamistes étaient strictement une affaire algéro-algérienne. C'est la troisième conférence internationale sur le terrorisme et le crime organisé qui se tient à Alger depuis un mois. En septembre dernier, c'est l'Union africaine qui a choisi la capitale algérienne pour organiser une rencontre sur la prévention et la lutte contre le terrorisme. Au courant de ce mois, le Palais des nations a abrité deux importants rendez-vous dont le dernier s'achève aujourd'hui. Après un colloque international sur la violence islamiste, c'est une conférence sur la criminalité qui se déroule sous l'égide des Nations unies. Après avoir plaidé durant la dernière décennie pour une véritable coopération internationale contre le terrorisme dont les effets ont été plus que dévastateurs dans notre pays, l'Algérie commence à avoir gain de cause. Les terribles attentats du 11 septembre 2001 ont certainement été pour beaucoup dans le changement de la perception de la communauté occidentale vis-à-vis de ce fléau. Il aura ainsi fallu que le mal atteigne le “monde libre” pour que ce dernier réagisse et décide enfin de mettre un terme aux activités criminelles des groupes armés islamistes. Le secrétaire général adjoint des Nations unies, Antonio Maria Costa, a donné, hier, le ton en affirmant que “la tenue à Alger d'une telle conférence se veut un message en direction du monde entier pour la conjugaison des efforts avec les Nations unies contre le crime organisé”. Politiquement, c'est déjà une première victoire pour Alger. Les deux rencontres de Club-des-Pins ont permis aux officiels algériens, et particulièrement les militaires, de se prononcer sur l'expérience algérienne en matière de lutte contre le terrorisme et les résultats auxquels ce combat a aboutis. Pour la première fois, des officiers supérieurs de l'armée sortent de leur réserve en annonçant publiquement des chiffres sur les dégâts humains et matériels provoqués par les islamistes armés. Ils se sont exprimés sur la montée de l'intégrisme religieux qui, lui, est resté intact et continue de constituer une menace malgré la lutte sans merci livrée contre son bras armé qu'est le terrorisme. Ils ont également avoué les limites des services de sécurité qui, selon Ali Tounsi, n'ont pas “pu prévoir ni encore moins prévenir la situation malgré des faits révélateurs constatés avant 1991”. Les officiers supérieurs se sont ainsi exprimés sans gêne, débarrassés de ce complexe qui faisait de l'ANP une sorte d'ennemi à abattre, aux yeux de tous ceux qui n'avaient pas accepté son intervention en 1992 pour sauver la République d'un désastre certain. C'est ainsi que l'arrêt du processus électoral, le départ de Chadli et la démission de Liamine Zeroual ont été évoqués par le général major Touati (conseiller du président de la République) lors du colloque sur le terrorisme devant un parterre d'experts étrangers. Les deux rendez-vous ont été incontestablement des tribunes pour les Algériens pour exiger une aide accrue des instances internationales. Le Président a demandé l'élaboration d'une convention internationale globale contre le terrorisme pour matérialiser les engagements en matière d'extradition, d'entraide judiciaire ainsi que la fourniture des équipements adaptés à la guerre contre les groupes armés islamistes. Bouteflika a, cependant, pris le soin d'appeler à une conférence internationale pour la définition du terrorisme, sachant qu'en la matière les Occidentaux et, en premier lieu, les Etats-Unis ont une perception différente de ce fléau faisant ainsi un grave amalgame entre les groupes terroristes et les mouvements réclamant l'indépendance comme c'est le cas en Palestine. Pour sa part, le Chef du gouvernement a proposé la création d'un fonds international pour la lutte contre le terrorisme. S. T.