L'animateur du forum admet que la situation de la question kabyle est bien en avance par rapport à d'autres pays du Maghreb. Le président du Congrès mondial amazigh, M.Lounès Belkacem, a été, hier, l'invité du forum hebdomadaire du journal El-Youm. Venu parler de la question berbère dans le monde, les débats se sont focalisés sur la question de l'autonomie de la Kabylie. Au début, c'était avec des termes à peine voilés. «Il faut interroger le peuple kabyle s'il veut se définir comme peuple», lâchera ce professeur à l'université de Grenoble, sous la pression des journalistes présents. Entre les thèses séparatistes de Ferhat M'henni et les cris contre «le complot concocté dans les cabinets noirs» du leader du FFS M.Aït Ahmed, le président du CMA n'a pas trop longtemps résisté aux nombreuses questions qui ont suivi cette déclaration. La proposition de l'organisation d'un référendum pour l'autonomie de la Kabylie n'a pas tardé à prendre le centre des discussions. Dans sa lancée, le leader du CMA ira encore plus loin en se référant au modèle suisse: «Lorsque vous sortez d'un canton helvétique à l'autre, non seulement les langues changent, mais aussi les uniformes des policiers.» Les nuances s'il en restait, n'ont pas manqué de susciter encore plus de curiosité. Est-il juste de réduire l'espace des Berbères dont le CMA affirme que le territoire s'étend de l'Egypte aux îles Canaries à une enclave aussi montagneuse et restreinte. Cela est-il conforme aux principes du CMA qui prône l'identité amazighe à travers le monde, pas seulement en Algérie? La passion n'a pas fait défaut. En réponse aux raisons de la focalisation sur la Kabylie, M.Lounès Belkacem dira que «la Kabylie est en situation de guerre (...) des gens meurent en Kabylie». Par ailleurs, le président du Congrès mondial amazigh a confirmé que pas moins de 5000 jeunes de Kabylie se sont auto-exilés en France. Le CMA a, selon son avocat, déjà pris en charge les dossiers de pas moins de 2500 d'entre eux. «Ils ont tous des documents de l'administration française stipulant que leur situation ne permet pas leur extradition vers l'Algérie.» Mais néanmoins l'animateur du forum admet que la situation de la question kabyle est bien en avance par rapport à d'autres pays du Maghreb. «La résistance du côté du gouvernement comme du côté kabyle est très forte», a-t-il estimé en ajoutant: «Je n'ai pas encore rencontré tamazight en tant que langue nationale.»