Le président du Congrès mondial amazigh, M. Belkacem Lounès, prévient l'Union européenne contre une éventuelle non-application des clauses portant sur le respect des droits de l'homme contenues dans le texte de l'accord d'association signé avec l'Algérie. Invité, hier, au forum hebdomadaire du journal El Youm, le responsable du CMA déclare que sa structure veillera à l'application de l'article 2 dudit accord qui prévoit sa suspension au cas où les autorités algériennes ne respecteraient pas la clause des droits de l'homme. “Nous assignerons l'UE en justice si elle n'applique pas l'accord conclu” a, en effet, indiqué le président du CMA, également professeur à l'université de Grenoble. Interrogé sur les activités de l'organisme qu'il préside, Belkacem Lounès précise que le Congrès a contribué à la résolution de Stockholm et celle d'octobre dernier de l'Union européenne, qui demandent expressément aux autorités algériennes de respecter les droits de l'homme. Toujours concernant ses actions en faveur de la défense des droits “du peuple amazigh”, le premier responsable du CMA rappelle qu'il a participé au Sommet de la terre et du développement social à Durban où il a réitéré les revendications de son organisation. À l'occasion, il relève “le double langage” de Bouteflika qui, d'après lui, affiche une “arrogance” à l'intérieur du pays et présente une “façade de gouvernance démocratique” à l'extérieur. Séance tenante, il dénonce “l'exclusion” du Congrès mondial amazigh du séminaire sur le pluralisme linguistique organisé dernièrement à Tlemcen. “Les organisateurs ne voulaient pas entendre prononcer le mot amazigh ou kabyle”, soutient Belkacem Lounès, estimant que “rien n'a changé en Algérie malgré le fait que tamazight est promue langue nationale depuis avril dernier”. Invité à faire la comparaison entre la situation de la culture berbère dans les trois pays du Maghreb, l'orateur estime, tout de même que les Berbères d'Algérie sont largement plus à l'aise que leurs voisins. À ce propos, il affirme qu'en Tunisie par exemple la seule prononciation du mot “amazigh” suffit pour que la police vous embarque. Quant à la création au Maroc d'un Institut royal de tamazight, le président de cette ONG lâche, en plaisantant, que cet organisme “est une copie conforme du HCA”. Interrogé sur le thème de l'autonomie de la Kabylie défendu par certains milieux, le conférencier, un peu gêné, concède qu'il appartient à la population de s'exprimer là dessus. “Si les Kabyles veulent l'autonomie, nous ne voyons pas d'inconvénient dès lors que c‘est une auto-définition”. Transition faite, il dit soutenir le mouvement citoyen de Kabylie qui “réclame la démocratie et le respect des droits de l'homme pacifiquement”. Enfin, le responsable de cette ONG composée d'une centaine d'associations réparties entre l'Europe, l'Afrique du Nord et le Canada, se félicite de ce que les plus importantes institutions internationales, à l'image de l'ONU et de l'Union européenne, parlent de la réalité berbère dans leurs textes et rapports. H. M.