Le Forum économique mondial (Wef), qui s'est achevé hier dans la station des Grisons, s'est tenu sur fond de révolte en Egypte, où l'aspiration à la démocratie est durement réprimée. Dette, réchauffement climatique, sécurité alimentaire ou contestation qui enfle au Moyen-Orient: un climat d'impuissance aura plané sur la 41e édition du Forum de Davos, les décideurs mondiaux restant divisés sur les remèdes. «Notre ressource la plus rare est le temps», a averti le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, sortant de sa réserve pour lancer un cri d'alarme: «Nous sommes à court de temps sur le changement climatique, l'énergie propre.» Le Forum économique mondial (Wef), qui s'est achevé hier dans la station des Grisons, s'est tenu sur fond de révolte en Egypte, où l'aspiration à la démocratie est durement réprimée. Les délégations arabes présentes à Davos se sont pourtant montrées discrètes. Deux ministres tunisiens et le gouverneur de la Banque centrale ont refusé, samedi de s'exprimer sur l'Egypte. Le Wef s'est aussi déroulé à l'ombre de la menace terroriste: le président russe Dmitri Medvedev est venu mercredi vanter les mérites de son pays auprès des investisseurs, deux jours après l'attentat attribué aux rebelles originaires du Caucase qui a frappé l'aéroport de Moscou. Sur le volet des crises, aucun des chantiers abordés à l'édition Davos 2010 n'a avancé: la reconstruction de Haïti a échoué, la guerre ne ralentit pas en Afghanistan, le Proche-Orient est dans l'impasse, avec une menace de reprise des troubles au Liban et l'Iran maintient son intransigeance sur son programme nucléaire. D'autres conflits se sont ajoutés, comme la lutte de pouvoir entre deux présidents en Côte d'Ivoire, où «beaucoup est en jeu» pour l'Afrique, selon Ban Ki-moon. Les émergents asiatiques, Chine et Inde, ont illustré par leur forte présence le glissement du pouvoir économique mondial vers l'Asie. Les Chinois se sont montrés coopératifs en acceptant de contribuer dans le cadre du G20, que préside cette année le président français Nicolas Sarkozy, à un meilleur équilibre mondial des échanges et des investissements. Le ministre chinois du Commerce Chen Deming a ainsi promis une augmentation des importations chinoises dans le cadre de ce rééquilibrage tant attendu de l'économie mondiale. Davos a aussi été cette année l'occasion pour les Européens de prouver leur engagement en faveur de l'euro, «notre monnaie», a assuré la chancelière allemande Angela Merkel, au lendemain d'un engagement similaire du président Sarkozy à défendre l'euro. Les Européens semblent cependant toujours divisés sur les remèdes à apporter pour en finir avec la crise de la dette, qui a éclaté l'an dernier avec la Grèce et l'Irlande. Angela Merkel a surtout plaidé pour la rigueur, la discipline et la convergence économique et budgétaire, au lendemain d'un appel à la solidarité lancé par le Premier ministre grec George Papandreou, qui a surtout souligné combien la Grèce avait dans la douleur fait tout ce qui lui avait été demandé par ses partenaires et le Fonds monétaire international (FMI). Sur les thèmes du développement durable, des transferts de technologies, du climat, de l'énergie, de la sécurité alimentaire, de la régulation des cours des matières premières, notamment agricoles - que Nicolas Sarkozy a mis en tête de ses ambitions dans le cadre du G20 - les décideurs venus du monde entier ont paru n'avoir guère progressé tout au long des débats. Certes, constat a été fait que le mode de consommation sans limites du monde développé devait finir. Mais on ne peut exiger des pays en développement qu'ils renoncent à l'aspiration à la prospérité, ni d'un paysan pauvre du Sud qu' «il utilise une chandelle quinze jours au lieu de deux», a objecté le milliardaire et philanthrope américain Bill Gates.