Des livres qui parlent, des écrits qui restent. Quelle meilleure façon de sauvegarder le patrimoine culturel algérien que celle d'éditer des livres qui en parlent et qui vous interpellent? Les Editions Anep font partie de ces éditeurs soucieux de préserver la richesse culturelle, sauvegarder le patrimoine artistique et les sites naturels de notre pays, à travers des travaux de recherche et des ouvrages qui resteront pour la postérité comme témoins d'une conscience et gage d'une profonde connaissance. Trois ouvrages parus récemment méritent de l'attention. Le premier est un beau livre qui parle d'Alger et de son patrimoine. Intitulé: Alger, Histoire et patrimoine, cet ouvrage écrit par Abderrahmane Khelifa, docteur en histoire et en archéologie, se veut un travail de recherche et de documentation sur le passé historique de la ville d'Alger, El Djazaïr, depuis l'époque préhistorique jusqu'à l'époque actuelle. Ce sont donc ses espaces, ses lieux et ses hommes qui sont revus et revisités à travers des pages et des pans d'histoire. Ce sont ses gouverneurs, ses beys et ses deys qu'on apprend à connaître à travers des récits comme pour Baba Arouj Raïs, Kheïr -ed-dine Pacha, Ahmed Pacha, Ramdane Pacha, Hussein Khodja, Mehmet Baktach, Dali Ibrahim, Ali Khodja, Omar Agha et d'autres. Ce sont aussi des mosquées qu'on découvre au fil de notre lecture, comme Djamaâ Ali Bacha, Djamaâ Seïda, Djamaâ kouchet Boulabah, Djamaâ Zaouiet moula Hassan et autres méconnus ou peu connus. Ce sont aussi ses hammams, ses marchés, ses maisons et ses monuments qui sont répertoriés dans cet ouvrage de référence qui a nécessité un long travail de recherche et de documentation, et qui a surtout le mérite d'exister et de servir à la sauvegarde de la mémoire d'Alger. Un second livre mérite tout autant d'attention. Il s'agit de La Joie des âmes dans la splendeur des paradis andalous. C'est un livre sur la musique andalouse, accompagné d'un CD et d'un DVD de l'artiste Beihdja Rahal, elle-même coauteur de cet ouvrage avec Saâdane Benbabaâli. Hymne à l'amour, soupir de femme et délice de poésie, ce livre se veut tout cela et bien plus encore. Dédié «à toutes les femmes, mères, soeurs, amoureuses, amantes ou épouses sans lesquelles les plus beaux jardins de l'Andalousie seraient pour les hommes que des lieux de solitude, tristes et stériles», cet écrit qui laissera trace dans les annales de l'édition algérienne, est un puits de découvertes du monde musical andalou. Poursuivant leur périple «poético-musical», les deux auteurs nous font visiter à travers le thème «Fleurs et jardins dans la poésie andalouse chantée», l'univers poétique floral présent dans des poèmes chantés. Un répertoire de près d'une cinquantaine de chansons est traduit en français et de belles illustrations sont là pour accompagner cette splendeur du verbe. Joignant l'utile à l'agréable, ce livre bilingue (arabe-français) est un pur délice qui donne cette sensation de sérénité et qui mène vers cette «joie des âmes dans la splendeur des paradis andalous». Mohamed Souheil Dib, quant à lui, nous donne à voir dans son ouvrage paru chez le même éditeur Le Trésor enfoui du malhûn, une anthologie de la poésie populaire algérienne qui s'étale sur plus de 300 pages et qui répertorie quelques noms de la poésie religieuse, courtoise, poésie de la résistance, l'éloge funèbre et autres thèmes. Un travail de documentation a été nécessaire, une recherche approfondie a dû être effectuée pour découvrir et apprécier la poésie de quelques auteurs célèbres, mais hélas! peu connus, tels que Ben Sahla, Ben Cheikh Al-Hasnaoui Lakhdar, Djallûl Al-Hamisi, Al- Brâzy et autres noms. C'est ainsi que la belle parole est préservée et que l'oral devient écrit. De tels ouvrages méritent de voir le jour, car le patrimoine, tous domaines confondus, doit être sauvegardé...