Ces deux destinations ont attiré à elles seules quelque vingt millions de touristes en 2010 représentant des recettes qui se comptent en milliards de dollars. Le Maroc, l'Espagne, les Canaries et certains pays du Bassin méditerranéen devraient se partager le gâteau. La période d'instabilité politique qui frappe la Tunisie et l'Egypte aura pour conséquence immédiate de se répercuter négativement sur leurs économies en général, et sur le secteur du tourisme en particulier. Attirant à elles seules, plus de vingt millions de touristes par an, ces deux destinations, qui sont particulièrement appréciées par les touristes occidentaux, devraient céder contre leur gré ce formidable potentiel économique eu égard aux événements qui continuent de secouer ces deux pays. A qui profitera cette fabuleuse manne financière? «Beaucoup de clients ont annulé et nous observons un repli des ventes d'été sur le Bassin méditerranéen, alors que la saison était bien engagée. Pour la Tunisie, beaucoup reportent leur voyage sur d'autres destinations, le Maroc, les Canaries, l'Espagne, encore faut-il trouver les mêmes fourchettes de prix. Le balnéaire au bord de la mer Rouge en Egypte peut lui aussi être reporté sur des destinations «refuges». La Haute Egypte qui représente près de 50% des voyages vendus n'a pas d'alternative», a fait constater Georges Colson le président du Snav (Syndicat des agents de voyages français). Les annulations des réservations se sont succédées - en cascade - alors que les rapatriements des touristes sont opérés dans la précipitation. «Il n'y aura pas de nouveaux départs de voyageurs, avec voyage à forfait, le dimanche 30 et le lundi 31 janvier. Il n'est pour l'instant pas question de rapatriement de clients qui se trouvent en Egypte vu que la situation dans les stations balnéaires est normale. Les tour-opérateurs modifient, si nécessaire, leur programme afin d'éviter les grandes villes comme Le Caire et Alexandrie», a annoncé dans un communiqué l'Association belge des tour-opérateurs (Abto) «En fonction de la situation qui évolue sans cesse et de ce qui va se passer dans les jours qui viennent, tour-opérateurs et agents de voyages vont être obligés de se mobiliser, de se préparer à assurer peut-être le retour anticipé des clients encore sur place. Ce serait sage de le faire», a indiqué Georges Colson. Il y aurait un millier de touristes français sur les bords de la mer Rouge et en croisière sur le Nil. En proie à de sérieuses difficultés économiques ainsi qu'à une pauvreté endémique, l'Egypte pour qui le tourisme constitue une manne financière essentielle, a été fortement perturbée depuis le début de la révolte qui a fait en une semaine au moins 138 morts et des milliers de blessés (Bilan de la journée du 31 janvier, (Ndlr). La plupart des voyagistes ont dû suspendre cette destination, très prisée par les vacanciers en cette période de l'année. Les réservations ont été purement et simplement annulées et la destination fortement déconseillée par les gouvernements des pays concernés. Le pays des Pharaons a attiré près de 15 millions de visiteurs en 2010. Les recettes engrangées par le secteur du tourisme sont estimées à près de 13 milliards de dollars. Autant dire qu'il est à l'Egypte ce que représente l'or noir pour l'Algérie. Pour ce qui concerne la Tunisie, le secteur du tourisme constitue 6,5% du Produit intérieur brut et offre des emplois à quelque 350.000 personnes dont 85.000 emplois directs, soit 11,5% de la population active occupée. Cette activité demeure cependant saisonnière. Si le tourisme balnéaire se taille la part du lion, le tourisme saharien n'est pas en reste et attire chaque année plus de 250 000 touristes. Il demeure en forte croissance. D'autres créneaux tels que la thalassothérapie, le tourisme médical ou le tourisme vert ont été exploités et sont en forte expansion. Si pour la petite Tunisie les choses semblent rentrer doucement mais sûrement dans l'ordre, il en est autrement pour le pays des Pharaons qui est entré dans la phase la plus critique de sa transition dont les contours ne sont pas encore dessinés.