L'établissement Art et Culture de la wilaya d'Alger de concert avecle Centre de recherches d'Anthropologie Sociale et Culturelle (CRASC), organise une journée d'étude en hommage à l'artiste, Mahieddine Bachtarzi, décédé un 6 février de l'année 1986." Mahieddine Bachetarzi : itinéraire et discours " est le thème de ce rendez- vous qui s'ouvre aujourd'hui au complexe Laadi Flici du théâtre de verdure. De nombreux dramaturges, universitaires, chercheurs, journalistes et spécialistes du théâtre dont Ahmed Cheniki (Maître de conférence à l'université d'Annaba), Hadj Miliani (Professeur à l'université de Mostaganem) Abdelhakim Meziani (Journaliste et auteur), Kamel Bendimered (Journaliste)Guy Dugas (Professeur à l'université de Montpellier3), prendront part à cette manifestation qui passera en revue et la vie et l'itinéraire artistique de celui que la presse française dénommait à l'époque coloniale, " Le Caruso du désert ". Au menu de cette rencontre, plusieurs thèmes seront débattus dont, "Eléments épars de l'expérience musicale de Mahieddine Bachetarzi, " Bachtarzi, le ténor du vieil Alger", " L'amiral du théâtre algérien", "Molière enturbanné ", "Bachtarzi vu par Emmanuel Roblès", ainsi qu'une table ronde à laquelle participeront les artistes comme Ahmed Serri, Taha El Amiri et Sid Ali Kouiret. Figure incontournable du 4ème art algérien, Mahieddine Bachtarzi avait plusieurs cordes à son arc. Il fut chanteur, compositeur et pédagogue qui a paraphé quelque 400 œuvres musicales. À l'Indépendance de l'Algérie, il prend les rênes du Conservatoire de musique d'Alger. Avec une carrière de plus de 70 ans, il demeure toujours l'interprète qui a le plus interprété à la San'a d'Alger. Il obtiendra de nombreuses distinctions honorifiques tout au long de sa vie.Mahieddine Bachtarzi a dès son jeune âge fréquenté les bancs de l'école coranique à la Medersa libre de cheikh Ben Osman, à l'issue de laquelle il devient chantre à la grande mosquée d'Alger. Il avait alors 14 ans.Doté d'une voix chaude et suave, il fait son entrée en scène en intégrant l'école de musique El Moutribia, où il sera nommé président, sans pour autant oublier d'assumer son rôle de Bach Hazzab. Après un périple de 12 ans de concerts , avec la troupe El Moutribia à travers l'Europe, il devient, en 1928, professeur de musique au Conservatoire municipal d'Alger. Il est admis en 1931, comme membre de la société des auteurs-compositeurs de musique de Paris et obtient, en 1926, la distinction honorifique marocaine de 5ème chevalier du Ouissam, et de commandeur du mérite humain décerné par les autorités suisses pour sa contribution et le rôle qu'il a joué pour faire connaître la culture et la musique algériennes.Parallèlement à la musique, il s'investit dans le théâtre populaire plus accessible en recourant aux pièces composées par Allalou et Rachid Ksentini, puis dès 1931, en collaboration avec Mohamed El-Hamel, il écrit Djeha et l'usurier, une fable populaire qui séduisit vite le public et en 1932 entame sa première tournée à travers le pays. À l'Indépendance de l'Algérie, il dirige le Conservatoire de musique d'Alger où le chanteur de Chaâbi algérois El Hachemi Guerouabi fut parmi ses brillants élèves. Le ténor algérien s'est produit avec succès dans plusieurs tournées dans les milieux d'émigrés algériens en métropole. Le 21 mai 1992, à titre posthume, Mahieddine Bachtarzi est récompensé par la médaille de l'Ordre du mérite national. Son travail au théâtre fut plus qu'une passion, puisque l'artiste s'était engagé à travers des œuvres révolutionnaires souvent censurées à travailler pour la prise de conscience d'un peuple éprouvé par un siècle de colonisation. Rebouh H.