De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi Les établissements publics continuent de servir les enfants désireux de s'engager dans l'apprentissage artistique. Comme exemples, on peut citer le conservatoire communal, des associations locales du malouf et les planches du Théâtre régional de Constantine qui tentent tant bien que mal de soutenir l'action artistique en faveur des jeunes talents. Mais, il faut reconnaître que l'action est fortement dominée par les institutions étatiques et quelques associations bien portantes et relativement bien subventionnées. L'absence de ces artistes «engagés», qui se soucient de l'éducation artistique des enfants au talent perceptible, est flagrante. Le conservatoire Bentobal, qui regroupe autant de disciplines (musiques classique et andalouse, dramaturgie …), ne peut à lui seul jouer à «l'école mère» pour satisfaire les 12 municipalités de la circonscription. Cette incapacité est d'autant justifiée par des mesures draconiennes au moment des inscriptions, et le manque d'encadrement n'est pas à écarter. Ainsi, le tremplin dans la prise en charge des bambins, notamment ceux et celles qui veulent entamer une formation andalouse, n'est assurée que par l'une des associations spécialisées, lesquelles sont soutenues par des subventions étatiques ou des aides en provenance des œuvres sociales. Dans ce cas, nous citerons l'association El Inchirah, affiliée à la société Sonelgaz. Depuis des années, elle forme de jeunes musiciens qui n'ont rien à envier à ceux qui ont fait leurs premiers pas au conservatoire. Pour preuve, elle tient le haut du pavé par ses prestations à l'échelle locale. Par le truchement d'un enseignant en la personne de M. Zarabi, qui mène une méthodologie payante, El Inchirah s'est imposée et est en passe de devenir une école traditionnelle par excellence en raison de sa fidélité aux préceptes ancestraux en la matière. Toutefois, peut-on se contenter d'un seul genre, d'une seule discipline pour étoffer toute cette panoplie artistique apte à développer la vision de l'enfant apprenti ? Assurément non. Mais les mécènes ne se bousculent pas pour conforter le créneau sans contrepartie alléchante ! D'un côté, les acteurs locaux qui pourraient apporter un plus à l'apprentissage infantile déplorent l'inexistence d'aires et d'espaces voués à ce volet. Mais de l'autre, quelques essais privés ne sont pas à la portée des bourses moyennes, partagées entre les frais scolaires et le rude quotidien. Quand bien même des associations, des militants s'engageraient bec et ongles spour initier des enfants, il ne sera pas facile pour ces derniers de s'acquitter des frais de transmission de l'art. «On traverse une période assez critique où tout se paye, et l'esprit du bénévolat est quasi banni du langage de l'instituteur», lâche un peintre local qui, après tant d'années d'exercice, peine à épuiser ses propres toiles ! A vrai dire, le mal réside en premier lieu dans la prise en charge des artistes, les vrais si l'on peut dire, ceux qui portent le zest du talent et sont avides de faire épanouir des enfants. Il faut le faire sans calcul et avec patience. Mais le comédien, le musicien…ont besoin d'encouragement et de finance pour survivre. En somme, des moyens élémentaires. «Les pouvoirs publics soutiennent des actions avec des bagatelles faramineuses et font l'impasse sur des initiatives n'appartenant pas à la lignée officielle», juge un animateur. «Il faut élargir la notion de la socialisation au-delà des cercles officiels qui ne sont pas accessibles aux enfants des régions reculées notamment», a-t-il expliqué. De fait, on a tendance à focaliser les arts au chef-lieu sans mener une campagne de socialisation envers les élèves des autres municipalités auxquels seules les petites maisons des jeunes viennent apporter quelques initiations somme toute sommaires. Dire que la capitale de l'Est par son statut de ville culturelle renferme autant d'associations se souciant de la culture artistique en faveur des enfants serait une prétention démesurée. En définitive, en ces temps d'ouverture, les arts demeureraient tel un capital destiné à des privilégiés… Quand bien même on ferait semblant de mettre au diapason toutes les catégories.