Le Conseil de sécurité bute toujours sur le comment parvenir à un consensus acceptable par tous. Hans Blix, chef des inspecteurs en désarmement de l'Irak, est intervenu, lundi, devant le Conseil de sécurité faisant la synthèse de la situation, présentement bloquée par les divergences affichées par les membres permanents du Conseil. En fait, avant l'intervention du représentant onusien, beaucoup s'attendaient à ce que ses déclarations et celles de Mohamed El- Baradéï, directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (Aiea agence spécialisée de l'ONU), fassent pencher la balance d'un côté ou de l'autre, confortant les positions défendues par Washington, ou celles privilégiées par Paris et Moscou notamment. Hans Blix, restant dans son rôle, a fait toutefois preuve de neutralité, exhortant en revanche le Conseil de sécurité à faire montre «d'unité». Tout en demandant «l'aide» du Conseil, le chef des inspecteurs de l'ONU mettra en exergue l'importance «d'avoir un accord et une large unité du Conseil», indiquant: «Si l'Irak est conscient qu'un défaut de coopération entraînera des réactions du Conseil, cela nous aidera.» «La disposition du Conseil à défendre la résolution et les prérogatives des inspecteurs est aussi importante que la clarté du texte et la clarté du mandat», insista le chef des inspecteurs en désarmement, appelant à ce que la nouvelle résolution donne «des signaux très clairs» à l'Irak. Commentant les déclarations du représentant onusien, l'ambassadeur britannique, Jeremy Greenstock dira: «Nous avons besoin de plus de temps pour absorber ce que nous avons entendu», ce qui n'est pas l'avis de Washington qui, par la voix du porte-parole de la Maison- Blanche, Ari Fleischer, estime a contrario qu' «il est temps que les gens lèvent la main et votent». Renchérissant, à partir de Denver, le président américain, George W.Bush, réitéra que «si l'ONU n'a pas la volonté ou le courage de désarmer Saddam Hussein, et si Saddam Hussein ne désarme pas (...) les Etats-Unis conduiront une coalition pour désarmer Saddam Hussein» Ainsi, pour les Etats-Unis inflexibles, la seule alternative, dans le contentieux irakien, c'est encore et toujours la guerre. Mais avec quels soutiens si les membres permanents ( à l'exception de la Grande-Bretagne) persistent à refuser l'option d'une frappe automatique contre l'Irak, et avec quelle coalition? En effet, comme l'affirme le ministre irakien des Affaires étrangères, Naji Sabri, «Tony Blair n'est pas une coalition.» En vérité, pour l'heure, la Grande-Bretagne est l'unique pays, militairement important, sur lequel peut compter Bush pour organiser son incertaine coalition. Aussi, en cas d'attaque contre l'Irak, l'administration américaine court-elle le risque d'en assumer seule la responsabilité. De fait, l'intervention de Hans Blix, chef des experts de l'ONU, n'a pas permis de faire avancer, outre mesure, les choses ou, à défaut, trouver une sorte d'accord faisant la synthèse entre les demandes des uns et les appréhensions des autres. Ce que résume le chef de la diplomatie française, Dominique de Villepin, qui souligne que «le problème, au sein de la communauté internationale, n'est pas: agir ou ne pas agir. Il est de savoir quelle efficacité aura l'action que nous allons décider», ajoutant: «C'est pour cela que nous pensons que la résolution (sur l'Irak) doit être adoptée par tout le Conseil de sécurité par une décision unanime.» Ce qui est également le sentiment du secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, qui appelle à l'unité souhaitant que le Conseil de sécurité se mette d'accord sur «une résolution à laquelle tous, ou la grande majorité des membres, pourront souscrire». Une majorité des membres du Conseil sont aujourd'hui d'accord pour la mise au point d'une résolution forte, sans équivoque, appelant l'Irak à coopérer pleinement avec les inspecteurs en désarmement, quitte à retourner, une seconde fois, devant le Conseil de sécurité pour voter un autre texte entrant, celui-là, dans les normes du chapitre 7 de la Charte des Nations unies prévoyant l'emploi de la force en dernier recours. Position que ne partage pas Washington qui veut une unique résolution donnant (automatiquement) le feu vert à une frappe militaire en cas d'embarras à mettre à exécution les recommandations de l'ONU. Face à ces difficultés, il n'est pas prévu que le vote de la résolution sur l'Irak puisse avoir lieu avant la semaine prochaine.