Alors que Saddam Hussein s'entête à affirmer que l'Irak n'a pas violé les dispositions de la résolution 1441, George Bush prépare sa guerre et attend le moment opportun pour lancer l'offensive militaire. Le président irakien a profité de l'interview qu'il a accordée à un journaliste de la chaîne américaine CBS, après un boycott de la presse étrangère qui a duré douze années, pour dire que son pays s'est “engagé à respecter la résolution 1441 et à l'appliquer”, et qu'il n'a aucun lien avec la nébuleuse terroriste d'Al-Qaïda. Cette déclaration se place en porte-à-faux avec son opiniâtreté à nier l'existence de missiles non conformes aux normes fixées par l'ONU, tandis que Hans Blix, le chef des inspecteurs, a ordonné le début de leur destruction avant le 1er mars. La position de Saddam Hussein sur cette question, si elle n'était pas modifiée d'ici samedi, pourrait constituer l'excuse tant attendue par le patron de la Maison-Blanche pour mettre à exécution ses menaces. Les Etats-Unis seront en position de force, car Blix est catégorique sur le sujet en affirmant que la destruction des missiles “n'est pas négociable entre nous et l'Irak”. Il n'a cependant pas manqué de faire état de nouveaux “signes positifs”, dans d'autres secteurs de désarmement de l'Irak. Le contenu du rapport qu'il doit adresser le 7 mars prochain au Conseil de sécurité est très attendu par les partisans de la guerre et leurs rivaux favorables à une solution pacifique de la crise irakienne, parce qu'il influencera inévitablement le débat sur le projet de seconde résolution présenté par les Américains et le mémorandum français pour la poursuite des inspections. La réponse de Bagdad à l'exigence de Hans Blix de détruire les missiles Somoud. II pourrait s'avérer capitale dans l'évolution de la situation dans la région du Golfe, surtout que Bush et Blair estiment “absurde” l'idée d'accorder plus de temps aux inspections tant que Saddam Hussein ne coopère pas pleinement. En effet, le président américain demeure ferme sur la question affirmant que seul un “désarmement complet” de l'Irak pouvait éviter la guerre. Bush n'a pas hésité de menacer les dirigeants et les généraux irakiens de poursuites pénales pour crimes de guerre. “Ils doivent comprendre clairement que s'ils prennent des vies innocentes, s'ils détruisent des infrastructures, ils devront rendre des comptes en tant que criminels de guerre”, a-t-il déclaré. En attendant les préparatifs de guerre se poursuivent et les Etats-Unis ne lésineront pas sur les moyens financiers pour atteindre leur objectif. “Nous allons payer qu'elle que soit la facture qui est nécessaire”, a affirmé mardi soir le secrétaire d'Etat US au Trésor, John Snow. Le montant à débourser s'élèverait à 95 milliards de dollars, dans lequel sont incluses les aides militaires qui seront fournies à la Turquie et à d'autres pays alliés concernés par une guerre en Irak. K. A. Le chef des inspecteurs demande “quelques mois” de plus Le chef des inspecteurs en désarmement de l'Onu, Hans Blix, a demandé “quelques mois" de plus pour les inspections, même si la volonté de coopération de l'Irak n'est “toujours pas claire”, dans une interview à l'hebdomadaire allemand Die Zeit à paraître aujourd'hui. “Tout cela est un processus qui avance centimètre par centimètre”, a souligné M. Blix, interrogé dans son bureau aux Nations unies alors que les Etats-Unis et leurs alliés viennent de déposer devant le Conseil de sécurité un projet de résolution qui pourrait ouvrir la voie à une guerre rapide en Irak. “Il n'est toujours pas clair aujourd'hui que l'Irak veuille vraiment coopérer" avec les inspecteurs chargés d'établir si le pays détient des armes de destruction massive, a toutefois estimé le Suédois. “D'un autre côté, ce pays a déjà connu huit ans d'inspections, quatre ans sans inspections et maintenant douze semaines de nouvelles inspections. Est-ce vraiment le moment de fermer la porte ?”, s'est-il interrogé.