A l'unanimité ! Tel fut le résultat du vote de la nouvelle résolution 1441 sur le désarmement de l'Irak. Le consensus recherché par le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, est enfin intervenu par l'adoption unanime du nouveau texte, remanié et amendé, du projet de résolution présenté par Washington. Même la Syrie, seul membre arabe du Conseil de sécurité, a donné son accord à la nouvelle mouture de ce qui est devenue la résolution 1441 en vue de désarmer l'Irak. Mais il a fallu de longues négociations entre les Etats-Unis et les opposants à une frappe militaire automatique, notamment la France et la Russie, pour parvenir au compromis qui permit le vote et l'adoption de la nouvelle résolution. Aujourd'hui les autorités de Bagdad sont acculées et doivent, à leur tour répondre aux demandes de la communauté internationale. Car, si effectivement une attaque automatique contre l'Irak, comme le voulaient et le réclamaient les Etats-Unis, est écartée, il n'en reste pas moins que l'Irak n'a plus d'échappatoire et doit se conformer aux demandes de la communauté internationale en mettant à la disposition des inspecteurs en désarmement tous documents et archives susceptibles d'orienter leur travail et aussi de leur ouvrir tous les sites soupçonnés abriter des armes prohibées. De fait, commentant le vote, le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, a exhorté les autorités irakiennes à «accepter cette résolution pour le bien du peuple irakien de l'ordre et de la sécurité mondiale». C'est dire que les possibilités d'atermoiement sont devenues nulles et les autorités de Bagdad n'ont d'autre choix que de s'exécuter en «coopérant» sans restriction avec les experts onusiens. La communauté internationale a accueilli avec un soulagement manifeste l'accord qui donna au Conseil de sécurité d'adopter une résolution qui doit, enfin, mettre un terme définitif à un conflit qui n'a que trop duré, et dont seul le peuple irakien en ressent les dures retombées. Effectivement, si Washington n'est pas parvenu à ses fins, - faire voter un «blanc-seing» par le Conseil de sécurité lui donnant le droit de frappes militaires immédiates en cas d'entraves à la mission des inspecteurs de l'ONU -, il n'en reste pas moins que la sévérité même de la résolution 1441, qui laisse ouverte la perspective de retour devant le Conseil de sécurité, ne met pas l'Irak à l'abri d'une révision de l'attitude de la communauté internationale à son encontre et, partant, obtenir par la force ce qui n'a pu l'être par la persuasion. Sur ce point les choses sont claires et l'Irak, qui a bénéficié du soutien de la communauté internationale, n'a pas d'autre alternative que de désarmer. Ce qu'affirment notamment les principaux opposants à une frappe automatique, telles la Russie et la France. Aussi, Bagdad a une semaine pour donner une réponse positive au Conseil de sécurité, à partir du moment où le document onusien lui est notifié. Bagdad qui, en vérité, n'a pas le choix, va examiner le texte, comme l'indiquait l'agence officielle irakienne INA, hier, citant une «source responsable» selon laquelle: «En dépit du fait que la résolution 1441 du Conseil de sécurité de l'ONU est mauvaise et injuste, le commandement en Irak l'examine calmement et annoncera dans les prochains jours une réponse appropriée.» De son côté, le chef de la diplomatie irakienne, Naji Sabri, a déclaré «Nous sommes en train d'étudier la résolution à Bagdad et la position de l'Irak sera annoncée plus tard», ajoutant toutefois: «La communauté internationale n'est pas sur la même longueur d'onde que les malfaiteurs américains» soulignant: «La communauté internationale a refusé la logique du mal de l'administration américaine et son désir de guerre démentiel». La réponse positive des autorités de Bagdad, mettra en branle une sorte d'échéancier, devant donner le top au désarmement effectif de l'Irak. C'est ainsi qu'il est prévu un délai d'une semaine pour Bagdad pour donner une réponse après notification, ensuite trente jours pour mettre les archives à la disposition des inspecteurs et les indications des sites, biologiques, chimiques et nucléaires. Selon ce programme, l'équipe en désarmement de Hans Blix, qui sera à Bagdad le 18 novembre prochain, pourra commencer son travail aux environs du 23 décembre. Un premier rapport est attendu dans les 60 jours suivant le début du travail des inspecteurs de l'ONU. L'enclenchement des opérations de désarmement en Irak commencera donc dès réception par le Conseil de sécurité de la réponse des autorités irakiennes. Aussi, les prochains jours seront-ils cruciaux pour la suite des événements.