Seule l'administration centrale est habilitée à revoir le loyer à la baisse. Le conflit qui oppose l'organisme public de gestion immobilière à une centaine de locataires de la cité des 140 Logements perdure. Chaque partie se défend d'être à l'origine du bras de fer. Dans un passé récent et suite à la décision d'expulsion prononcée par la justice à l'encontre d'un habitant de cette cité, des émeutes ont éclaté. Mardi, un groupe de locataires s'est rendu à la wilaya pour tenter d'avoir des renseignements sur les suites données à leurs doléances. La députée, indépendante, de Bouira Mme Saoudi a dernièrement, remis une lettre au ministre de l'Habitat. On rappellera que les habitants ont longuement explicité la genèse de ce conflit qui perdure depuis 7 ans. La genèse en est simple: les protestataires n'ont jamais honoré leurs dus. Les motifs sont divers. Certains prétextent que c'est l'organisme qui ne les a pas saisis. D'autres contestent le montant du loyer qui, selon eux, reste au-dessus de leurs moyens. D'autres encore et, après avoir refusé de signer le contrat de bail au départ, nient aujourd'hui avoir été informés. De toutes les versions, certains arguments semblent tenir la route. En effet et de l'avis de tous, le loyer appliqué en 2000 ne peut en aucun cas équivaloir celui appliqué en 2010. En fait, les locataires demandent le retour au prix de référence appliqué en 2000 lorsque le loyer dans une cité du centre-ville était de l'ordre de 300 DA. Ainsi, les contestataires rejettent le montant de 2000 à 3000 DA demandé par l'Opgi. De visu nous avons pris connaissance de quittances portant des montants de 270.000 DA pour un ouvrier professionnel dont le salaire n'excède pas 7000 DA. Même un handicapé percevant 3000 DA par mois (selon ses dires) est ordonné de s'acquitter de plus de 20 millions de centimes de loyers impayés. Aussi, lors d'une rencontre avec le DG de l'Opgi qui n'a pas hésité à nous recevoir, nous avons évoqué le contenu des doléances. A l'appui de celles-ci, un locataire nous dira sur un air révolté «on a essuyé les dettes des trabendistes de l'agriculture qui s'élèvent à plusieurs milliards de dinars quand on achète la pomme de terre à 45 DA le kilo. Avec nous, on refuse d'admettre la faute qui ne nous incombe pas. Si le ministre veut récupérer son bien, il doit nous rétablir dans nos droits: celui de payer un loyer appliqué à la date d'occupation. Il doit aussi savoir que ces logements nous ont été donnés en compensation à la suite de l'éradication des bidonvilles qu'on occupait depuis l'Indépendance. Pourquoi ne pas nous faire bénéficier de l'aide de la CNL et éponger nos dettes dans ce cadre surtout que ceux qui profitent de la formule sont souvent des gens qui revendent leurs logements à coups de millions.» le DG, M.Ghodbane, nous expliquera que dans cette affaire, le pouvoir de décision ne lui incombe pas quant au prix du loyer à fixer. «Oui, il y a une injustice dans la mesure où certains locataires logés sous le sceau de l'urgence se sont retrouvés dans des immeubles où on applique deux montants différents. Dans une même cage, certains payent un loyer édicté avant le décret portant révision des prix à la hausse. Tout dépend de la date d'occupation...» Le directeur nous confirmera les démarches de la députée et nous a annoncé avoir de son côté transmis un dossier à la tutelle. «Seule l'administration centrale a le pouvoir et les compétences pour revoir le loyer à la baisse.» S'agissant de l'élaboration d'un calendrier de paiement, le directeur nous a affirmé toute sa disponibilité à étudier les cas un par un et à participer au dénouement de cette situation qui entravera dans le futur, l'option d'achat aux locataires dans le cadre de la cession des biens de l'Etat. En tout état de cause, la direction de l'Opgi qui est dans l'obligation de recouvrer le montant de ses créances, estimé à plus de 22 milliards de centimes au niveau de la wilaya de Bouira, ne désespère pas de trouver une solution surtout que dans le bras de fer qui les oppose les deux parties sont perdantes. Dans l'attente d'une décision juste qui rétablira chacun dans ses droits, les habitants de la cité des 140 Logements continuent à faire les démarches administratives et à initier des actions pour attirer l'attention des responsables. Enfin, une pétition vient d'être transmise aux autorités locales et nationales.