Les vidéos portables ne peuvent aucunement constituer une quelconque preuve tangible. La technologie réserve des surprises aux malfaiteurs oranais. La vidéo portable et les caméras de télésurveillance sont devenues, ces derniers temps, leurs pires ennemis. Elles sont des moyens idéaux dans la lutte contre les vols et le traitement des affaires de criminalité. Plusieurs affaires ont été élucidées grâce à ces outils. L'une de ces dernières remonte au mois dernier. L'entreprise égyptienne, Orascom, qui a accusé deux de ses employés de vol, a démontré, «preuve à l'appui», l'implication des deux individus dans le larcin des tuyaux industriels dans un entrepôt sis dans la commune d'Arzew. Dans leur procès, qui a eu lieu hier, les deux prévenus, n'ont pu prouver leur innocence ni avancer ne serait-ce qu'un petit faux-fuyant pouvant amadouer le représentant du ministère public vu la présentation des scènes accablantes prises par des vidéos portables. Ce dernier a, dans son réquisitoire, estimé que l'accusation est valable, et requis une peine de 3 ans de prison ferme contre les deux individus. L'affaire est mise en délibéré en raison d'une nouvelle donne qui est venue, à la dernière minute, compliquer davantage, l'affaire: la vidéo, cette pièce à conviction avancée, a été prise par un autre employé de nationalité égyptienne. «Ce dernier, qui a remis la vidéo qu'il a prise, n'a pas témoigné», a-t-on indiqué. Tout récemment, un agent de l'ordre public, de sexe féminin, a été écarté du corps de la police dans une wilaya de l'intérieur du pays. La cause: la policière a souillé l'image de ce corps de sécurité nationale. Cette dernière, après avoir égaré son portable, est, en un laps de temps réduit, devenue la star tant convoitée, exploitée par tous les porteurs des portables aux Bluetooth. Le mobile est tombé dans des mains méchantes et bonjour les dégâts, le contenu de sa carte mémoire a, comme une traînée de poudre, fait le tour de la ville. La vidéo transmise de portable en portable n'est pas à voir. Elle contenait des séquences interdites à tous les âges. Dans un passé très récent, les responsables de l'hôtel Sheraton d'Oran ont eu recours à ces vidéos en déposant plainte contre deux employés et une tierce personne accusés de vols de plusieurs caisses d'alcool. En 2008, les policiers chargés d'enquêter sur les émeutes qui se sont déclenchées à la suite de la relégation du MC Oran en division inférieure, ont eu à rebobiner toutes les vidéos prises grâce aux caméras de télésurveillance installées dans plusieurs coins chauds de la ville. Plusieurs émeutiers, qui ont été identifiés, ont été interpellés. Comme tout autre outil technologique, ces inventions de pointe ont leurs avantages et leurs inconvénients. L'usage de la caméra vidéo est, selon plusieurs personnes, devenu un intrus dans leur vie quotidienne. «On a peur de prendre des cafés en compagnie de nos amies dans les petites cafétérias du coin et ce, de peur que des vidéos atterrissent dans les portables de nos femmes et ceux de nos enfants», ont indiqué plusieurs autres citoyens ajoutant que «les petits paparazzis sont partout». Au regard de la loi, à l'exception des caméras de surveillance, les vidéos portables ne peuvent aucunement constituer une quelconque preuve tangible. «Les juges ne doivent pas prendre en compte ces vidéos car il n y a aucun texte qui prévoit cela», a affirmé Me Khemisti Farid, avocat agréé à la cour ajoutant que «l'homme qui a filmé avec son portable n'a, dans ce cas, qu'à se présenter et apporter son témoignage au lieu de remettre la vidéo à une tierce personne». Sur un autre registre, les lettres anonymes, les doublages et les imitations de voix commencent à intéresser sérieusement les enquêteurs. Dans ces deux cas de figure, la loi est explicite étant donné qu'avant, toute exploitation des donnés, les voies et lettres anonymes sont soumises à des analyses qui reposent sur des bases scientifiques qui ne prêtent à aucune équivoque.