François Hollande a appelé hier le président Nicolas Sarkozy à se prononcer sur l'avenir de la ministre des Affaires étrangères Michèle Alliot-Marie, fragilisée par les polémiques autour de son voyage en Tunisie. La chef de la diplomatie française Michèle Alliot-Marie, attaquée par l'opposition pour des vacances en Tunisie alors que la Révolution du jasmin avait débuté, a exclu hier de démissionner, affirmant que cette controverse ne la «détourne» pas de sa mission. «Je vous assure que cette polémique ne me détourne pas de ma mission, pas plus que les attaques socialistes», a déclaré Michèle Alliot-Marie au quotidien Le Parisien, interrogée sur les multiples appels à sa démission par la gauche. «Je réponds aux questions, pas aux insultes», a-t-elle ajouté. Les attaques contre la ministre ont redoublé après une nouvelle révélation samedi par l'hebdomadaire le Nouvel Observateur de l'utilisation par Michèle Alliot-Marie et son entourage d'un jet privé appartenant à un riche Tunisien, en relation d'affaires avec le clan Ben Ali. Michèle Alliot-Marie était attaquée ces derniers jours pour avoir utilisé l'avion d'Aziz Miled pour se rendre de Tunis à l'hôtel de ses vacances, à Tabarka, avec ses parents et son compagnon, Patrick Ollier, lui aussi ministre (des Relations avec le Parlement). Samedi, le Nouvel Observateur a révélé que Michèle Alliot-Marie et son compagnon étaient montés dans l'avion une deuxième fois, pour une excursion dans le sud du pays, à Tozeur, alors que le pays était en proie aux troubles. La ministre des Affaires étrangères a observé, sur la radio Europe 1, que son voyage n'avait rien coûté «ni au budget tunisien, ni au budget français». «Ce n'était pas de l'argent public», a-t-elle insisté. «Je vois, je constate que ça choque» et donc, «il n'est pas question que je remonte dans un avion privé, quelles que soient les circonstances, tant que je serai ministre», a-t-elle ajouté. Pendant le week-end, plusieurs responsables de l'opposition socialiste ont réclamé la démission de la ministre qui, le 11 janvier, avait provoqué une première polémique en proposant au régime de Ben Ali la coopération sécuritaire de la France face aux manifestations. «Vous devriez changer votre ministre des Affaires étrangères», a lancé Jean-Marc Ayrault, le chef de file des députés socialistes à l'adresse du président Nicolas Sarkozy, silencieux en public sur sa ministre depuis le début le 1er février de la deuxième polémique la concernant. «La seule solution qui permettrait à Mme Alliot-Marie de recouvrer un peu de dignité et à ce gouvernement de retrouver un peu de crédibilité aux yeux des Français, c'est qu'elle parte, qu'elle démissionne», a insisté hier le porte-parole du Parti socialiste, Benoît Hamon. «Et qu'enfin, on ait enfin un geste d'un ministre de ce gouvernement qui montre qu'on ne prend pas les Français pour des imbéciles», a-t-il ajouté. De son côté, François Hollande a appelé hier le président Nicolas Sarkozy à se prononcer sur l'avenir de la ministre des Affaires étrangères Michèle Alliot-Marie, fragilisée par les polémiques autour de son voyage en Tunisie. «J'ai dit que c'était à Nicolas Sarkozy de régler cette question. Il aura l'occasion de s'exprimer devant les Français jeudi, et donc il aura nécessairement à répondre à cette interpellation», a déclaré à la presse M.Hollande à l'occasion d'un déplacement à Luxembourg. M.Sarkozy participe jeudi à l'émission Face aux Français sur TF1. M.Hollande s'exprimait à l'issue d'un entretien avec le Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker, également chef de file des ministres des Finances de la zone euro. Le député socialiste de Corrèze était interrogé pour savoir s'il demandait la démission de Mme Alliot-Marie, en pleine tourmente pour ses vacances tunisiennes controversées en fin d'année, alors que la révolution du jasmin avait débuté. «Si je la demandais, je ne le ferais pas au Luxembourg et en présence de M.Juncker», a ajouté François Hollande. François Hollande avait déjà demandé dimanche à Nicolas Sarkozy de «prendre des décisions» concernant Michèle Alliot-Marie, reprochant à celle-ci «légèreté», «erreur» et «faute».