Dans un bouillonnement social général sans précédent, les médecins résidents ajoutent leur grain de sel en montant hier, à leur tour, au créneau. Avec eux, les étudiants de 1re et 2e année de l'Ecole préparatoire des sciences techniques d'Alger, suivant leur cours dans un lycée, «en chantier et sans amphi et dénué de toutes conditions normales dignes de ce nom», se plaignent également du manque de considération à leur égard. Il est 13h30 quand nous sommes arrivés au siège du ministère de l'Enseignement supérieur situé à Ben Aknoun, sur les hauteurs d'Alger. Une pancarte à la main, exigeant un statut digne de leur fonction, Saïbi, un jeune médecin spécialisé en chirurgie orthopédique au niveau de l'hôpital Mustapha, regrette que «ses semblables gagnent moins qu'un simple agent de police. Après plusieurs années d'études pouvant aller jusqu'à 13 années, nos salaires moyens ne dépassent pas les 31.000 DA». Outre le manque d'encadrement au niveau des hôpitaux, un programme tronqué, «nous sommes ballottés entre deux départements: celui de la santé et l'enseignement supérieur», nous fait-il savoir. A cela s'ajoutent des problèmes d'ordre pédagogique car, ajoute-t-il «nous sommes soumis aux examens intercalaires sanctionnés, autrement dit, si par malheur, la note est au-dessous de 10, on est automatiquement recalés». A cette méthode «exceptionnellement algérienne», dit-il, puisqu'on ne la retrouve nulle part ailleurs, il faut noter qu'«on est otages du service civil. A propos dudit service on a eu vent qu'il serait même porté à 5 ans au lieu de 2 ans. C'est aberrant! Nous ne sommes pas des militaires». A la fin du cursus, l'administration conditionne la délivrance des attestations de succès à l'accomplissement du service civil. En somme, «tous ces problème découlent de l'absence de statut digne de notre fonction», résume notre interlocuteur. Comme lui, environ 10.000 médecins résidents rien qu'au niveau d'Alger entre docteurs en médecine générale, pharmaciens et chirurgiens-dentistes ayant passé un concours national pour obtenir un diplôme spécialisé au bout de 2 à 5 ans, subissent les mêmes problèmes. Sous la surveillance d'un dispositif policier inhabituel, entre 500 et 600 médecins résidents ont observé, hier, un sit-in devant le siège du ministère de l'Enseignement supérieur. Elite délaissée, médecins sans statut, où sont nos droits, droits absolus de délivrance de nos diplômes, sont autant de slogans arborés sur les pancartes par une foule nombreuse de médecins. De plus, les contestataires exigent la démission du doyen de la faculté de médecine d'Alger. Lequel ne s'est jamais soucié de défendre les médecins, disent-ils. Les protestataires réclament également, le droit aux formations à l'étranger, le droit d'avoir le diplôme juste à la fin de la formation, l'augmentation de l'indemnité mensuelle en l'indexant sur le salaire global et non sur le salaire de base. L'amélioration des conditions de travail, l'augmentation des primes de garde, le droit à la prime de contagion, la hausse de la prime de recherche, l'annulation du service civil ainsi que le droit à la résidence pour les médecins venant des 48 wilayas du pays, sont autant de points inscrits sur la liste des revendications.