Les étudiants interpellent le président de la République sur leur situation. Hier, ils ont refusé de rentrer à l'école et se sont rassemblés à l'entrée mais l'intervention des policiers les a contraints à renoncer à l'action d'investir la rue. Les étudiants de l'école préparatoire technique, domiciliée au lycée Emir-Abdelkader à Bab El-Oued, viennent de lancer un mouvement de grève illimitée. Une ultime action décidée après large contestation et appels de détresse lancés vainement en direction des responsables de l'établissement et de la tutelle. Question : que peuvent bien faire des étudiants dans un lycée qu'ils sont censés avoir quitté par la grande porte ? C'est ce qui explique cette montée de fièvre de près de 250 étudiants (200 en première année et le reste en deuxième année) pour qui le rêve d'adolescent s'est vite transformé en cauchemar. En effet, après avoir décroché le fameux baccalauréat avec la mention “bien”, ces bacheliers qui rêvaient d'un avenir brillant ont opté pour des études dans l'une des grandes écoles dont l'accès est réservé aux plus studieux des bacheliers, en l'occurrence l'école polytechnique de Belfort, l'hydraulique, les mines et les travaux publics. Des établissements dont l'accès est conditionné par la réussite d'un concours après deux années de tronc commun au sein d'une école préparatoire. Des conditions que les postulants n'ont, à aucun moment, contesté. ils les ont, en revanche, justifiées par le fait que le niveau de la future élite du pays mérite bien ces exigences. Comme elle mérite un enseignement préparatoire de qualité et dans des conditions dignes de leur futur statut dans la société. Ce ne fut, hélas, pas le cas ! La réalité a fini par prendre le dessus et emporté le rêve et tant d'années de sacrifice. Les 200 étudiants parmi les meilleurs de la session 2010 et une cinquantaine en 2e année, ce qui reste des 250 inscrits en 2009, se sont retrouvés contraints de faire leurs études dans des conditions inimaginables. La réalité est aux antipodes de ce qui devrait être normalement au sein d'un établissement préparatoire pour l'accès à une grande école. Les étudiants n'ont même pas eu droit à un espace digne et approprié puisque la fameuse école préparatoire a été domiciliée au… lycée Emir-Abdelkader de Bab El-Oued ! “La future élite de l'Algérie poursuit ses études supérieures dans un lycée et dans des conditions déplorables”, regrette une déléguée des étudiants. Et d'ajouter qu'“au départ, il était prévu que les cours se déroulent avec seulement 22 étudiants par classe. En réalité, nous sommes 45 par classe dans un lycée en plein chantier où toute sorte de bruit et autre nuisance nous empêche de nous concentrer sur nos cours”. Et quels cours ? Témoignent encore les étudiants. “Nous sommes encadrés par de jeunes enseignants de Bab-Ezzouar. Nous ne disposons ni de laboratoires pour les travaux publics, ni de tout autres matériels nécessaires. Les écoles préparatoires des autres régions, Oran, Annaba et Tlemcen, sont mieux loties et un enseignement de qualité y est dispensé.” À en croire toujours les étudiants, aucune information n'est donnée aux étudiants de la deuxième année sur le concours d'accès à l'école polytechnique. “Tout ce que nous savons c'est que les recalés seront orientés vers la filière science technique à l'USTHB en qualité de doublants, ce qui veut dire qu'ils n'auront pas le droit de postuler pour le Master.”