Les contestataires ont décidé de rester sur les lieux jusqu'à satisfaction de leurs revendications. «Ingéniorat ou bien harraga», scandent les étudiants à gorge déployée. Ils sont 3000 à observer un sit-in devant le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, à Ben Aknoun, sur les hauteurs d'Alger. Une détermination avérée s'affiche sur leurs visages. Les étudiants sont en colère. Ils entendent rester sur les lieux jusqu'à satisfaction de leurs revendications. «Nous sommes venus aujourd'hui (hier) pour faire pression sur le ministère. Et nous resterons ici jusqu'à ce que nos doléances soient prises en charge», déclare un étudiant de l'université de Boumerdès. Cette manifestation semble acculer le ministre Rachid Harraoubia dans ses derniers retranchements. Le portail du ministère est fermé. Il est sous surveillance stricte des policiers. Cela n'entame en aucun cas la détermination des étudiants. Ils crient leur ras-le-bol exhibant leurs cartes d'étudiant. «Nous sommes des étudiants, nous ne sommes pas des idiots», reprennent-ils. Les manifestants attendent des réponses concrètes de la part du ministre. Leurs revendications feront l'objet d'une session de travail, aujourd'hui au ministère, a-t-on indiqué de sources proches du dossier. M.Rachid Harraoubia réunira les recteurs des universités et les directeurs des grandes écoles pour trouver une issue aux problèmes que posent les étudiants. L'ordre du jour portera sur l'évaluation de la situation qui prévaut au sein des universités et instituts du pays. La tutelle semble réellement inquiète par le développement de la contestation estudiantine. Seize universités, parmi les plus grandes du pays, et 11 grandes écoles rejettent le décret présidentiel n°10-315, paru le 15 décembre 2010. Ce décret fixe la grille indiciaire des traitements et les régimes indemnitaires et de rémunérations des fonctionnaires. Les étudiants des grandes écoles revendiquent l'attribution d'un double diplôme (master et ingénieur d'Etat), avec un statut particulier pour les ingénieurs d'Etat des grandes écoles. Ils insistent sur l'intégration, en 3e année du cycle long de l'ingéniorat, des étudiants des dernières promotions TS (technicien supérieur) et Deua (Diplôme d'études universitaires approfondies). Ils demandent, également, à bénéficier de tous les avantages attribués aux titulaires de master et d'un ingéniorat d'Etat. Pour le poste de graduation, les étudiants réclament l'instauration d'écoles doctorales au niveau de toutes les grandes écoles. Ils mettent l'accent sur la réhabilitation du concours écrit pour l'accès aux écoles doctorales. Cette requête est accompagnée par la demande de la nécessaire revalorisation du magister. Toutes ces revendications sont contenues dans une plate-forme remise, récemment, au ministère. De leur côté, les délégués des étudiants des universités ont été reçus successivement, jeudi et lundi derniers au département de Harraoubia. «Ils nous ont promis des réponses pour demain (aujourd'hui)», témoigne un membre de la coordination nationales des universités. Ce dernier a précisé que le rassemblement devant le ministère a été décidé par les étudiants et non par la coordination. «Nous leur avons transmis l'information et ils ont décidé d'organiser ce sit-in», a-t-il souligné. M.Harraoubia et ses proches collaborateurs sont appelés à trouver des solutions convaincantes à une situation qui devient de plus en plus préoccupante. En attendant, les étudiants maintiennent leur grève illimitée.