Les jours de MAM au Quai d'Orsay seraient comptés. Le nom de son successeur est évoqué: Alain Juppé s'apprêterait à réparer les pots cassés. Après avoir proposé au régime de Ben Ali le savoir-faire de la France en matière de sécurité, la ministre des Affaires étrangères est de nouveau très sérieusement éclaboussée par des liens, avérés, entretenus par sa famille avec le système corrompu du dictateur tunisien déchu. Il se confirme de plus en plus qu'il n'y avait rien de fortuit dans l'utilisation de l'avion personnel de l'homme d'affaires tunisien par Michèle Alliot-Marie, son compagnon, et ses parents à la fin de l'année 2010.Un jet privé a transporté tout ce beau monde de Tunis à Tabarka. La ministre française des Affaires étrangères a bel et bien cautionné un voyage d'affaires conclu par Bernard Marie, son père, alors que le peuple tunisien était en train de mettre à terre une dictature qu'il a subie depuis près d'un demi-siècle, en affrontant à mains nues des policiers qui tiraient sur lui à balles réelles. La presse de l'Hexagone enquête et donne des détails qui confondent la responsable de la politique étrangère de la France. Michèle Alliot-Marie s'enfonce dans le bourbier tunisien. «L'homme d'affaires tunisien Aziz Miled a créé la société civile immobilière ‘'Ikram'' avec l'intention de la céder aux parents de Michèle Alliot-Marie, Renée et Bernard Marie. C'est ce qui ressort du contrat établi entre les deux parties. Le 7 octobre 2010, Aziz Miled enregistre la fondation d'une SCI dotée d'un capital de départ de 5000 dinars (environ 2500 euros), réparti entre lui et son fils, Karim. Cette coquille juridique est visiblement destinée dès l'origine à être transmise à d'autres», peut- on lire sur le site du Nouvel Observateur. Que s'est-il passé huit jours plus tard? Les deux parties décident d'augmenter «le capital social en numéraire pour le porter de 5000 dinars à 755.000 dinars, soit une augmentation de 750.000 dinars (environ 375.000 euros) et ce, par la création de 75.000 parts nouvelles de 10 dinars chacune, réparties à parts égales entre Madame Renée Marie et Monsieur Bernard Marie», poursuit l'hebdomadaire français qui donne les détails du contrat conclu par les parents (presque centenaires, Ndlr) de la ministre avec le milliardaire tunisien qui voulait sans doute sauver ce qui pouvait encore l'être. «Aziz Miled a cédé ses parts à Bernard Marie pour la somme de 4000 dinars (2000 euros). Son fils, Karim, a fait de même avec Renée Marie contre 1000 dinars (500 euros). Renée et Bernard Marie s'engagent en échange à apporter à la société la somme en numéraire de 755.000 dinars, soit environ 326.000 euros», révèle Le Nouvel Observateur. Tout porte à croire que le séjour de Tabarka des parents d'Alliot- Marie n'a servi d'alibi que pour conclure cette juteuse affaire. Pressentie à la tête de la diplomatie française pour redorer le blason de la politique étrangère de la France au Maghreb, fortement altérée par les sorties médiatiques et les déclarations maladroites - notamment au sujet de l'Algérie - de son prédécesseur, Bernard Kouchner, Alliot-Marie n'aura fait que la discréditer un peu plus. Son compagnon Patrick Ollier, ministre chargé des Relations avec le Parlement, est soupçonné d'une trop grande proximité avec les régimes irakien, syrien et libyen selon une enquête menée en 2003 par les services de renseignements français. Des connexions étroites entre la diplomatie française et les milieux d'affaires au Maghreb, symbolisées aujourd'hui par l'actuelle ministre des Affaires étrangères, sont confirmées.