Estimant que l'autorité de la justice a été violée, ils se sentent tous concernés... Pas moins de 10.000 avocats devront prendre part à la journée de protestation nationale qui aura lieu mercredi prochain et ce, à la suite des graves incidents survenus le 13 octobre dernier dans l'enceinte même du palais de justice de Tizi Ouzou, ainsi qu'aux accusations qu'on dit «infondées» et «mensongères» du ministre de l'intérieur, M.Yazid Zerhouni, portées à l'encontre des avocats de cette ville. Ce haut responsable avait déclaré publiquement, en marge de la visite du Président de la République à Biskra, que «les interpellations effectuées au tribunal de Tizi Ouzou ont concerné uniquement des émeutiers qui se sont présentés au tribunal pour perturber les séances». Le ministre avait même attesté qu'un des avocats s'est permis de remettre sa robe à un des émeutiers pour le faire sortir du tribunal. Toute la scène aurait été filmée, selon lui (le bâtonnat aurait même reçu le film). Ce sont ces propos qui ont tant ébranlé l'ensemble de la corporation, profondément «meurtrie par le non-respect du symbole de la justice dont l'autorité a carrément été violée», comme nous le diront quelques avocats contactés à propos de cette affaire. «A vrai dire, nous sommes tous, en tant qu'avocats, concernés par le problème, non seulement par solidarité, mais surtout pour faire respecter l'éthique. Même s'il y a eu un dépassement, les pouvoirs publics auraient dû respecter le symbole de la robe noire, notamment dans l'enceinte du tribunal», estiment nos interlocuteurs. D'autant plus qu'il existe un cadre spécifique où on peut régler ce genre de problèmes, la justice en l'occurrence. Malheureusement, c'est justement ce genre de dépassements, souvent anodins, qui entraînent les choses vers des dérapages incontrôlables. Les événements de Kabylie en sont l'exemple parfait. Bien que la situation diffère cette fois, il n'en reste pas moins que les désagréments qui vont survenir suite à cette grève sont loin d'être insignifiants. En vue de connaître la réaction de l'autre partie, le ministère de l'Intérieur - puisque ce sont les propos de M.Zerhouni qui ont soulevé ce «vent» de colère chez les robes noires - nous avons pris le soin de contacter le chargé de la communication au niveau de ce département. Mais, ne semblant pas du tout apprécier notre geste, notre interlocuteur refusera carrément de nous répondre. Soit. Pour leur part, les avocats ne comptent pas du tout se laisser marcher sur les pieds, même si le «piétineur» n'est autre que le ministre de l'Intérieur. Rappelons que cette journée de protestation a été décidée par l'Union des barreaux d'Algérie (Unba), lors de la réunion du conseil du syndicat qui s'est tenue le 29 octobre dernier, à Alger. Durant cette journée, les avocats devront donc boycotter toutes les manifestations officielles.