Les dépassements dont ont été l'objet les avocats du barreau de Tizi Ouzou, le 13 octobre dernier, dans l'enceinte même du palais de justice, ne sont pas passés inaperçus. L'autorité nationale de cette corporation a décidé de faire cause commune avec les collègues de Tizi Ouzou, pour dénoncer le traitement infligé, ce jour-là, à plusieurs avocats par les forces de sécurité. Réunie en séance de travail pour l'examen des incidents survenus à Tizi Ouzou, le conseil national des barreaux d'Algérie, considérant que le recours à la violence “est inadmissible, tant il appartenait aux services de sécurité d'agir dans le strict respect de la loi”, a décidé d'observer une journée de protestation nationale ce mercredi. Dans un communiqué rendu public hier, l'union précise que la journée de mercredi sera marquée par un “boycott national de tous les avocats et au cours duquel un arrêt de travail sera observé à l'échelle nationale”. L'autorité centrale des “robes noires” ne s'arrête pas là, puisque cette action est assortie d'une “abstention de prendre part à toute manifestation officielle”. C'est dire toute la détermination de cette corporation à réparer le préjudice moral et physique causé par les forces de sécurité à ses membres dans l'exercice de leur métier à Tizi Ouzou. L'union, présidée par M. Abdelmadjid Silini, semble avoir été touchée dans son amour-propre, en témoigne le ton fort de sa déclaration. En effet, les membres des barreaux d'Algérie rejettent catégoriquement les accusations “non fondées” portées par le ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni, à l'encontre des avocats de Tizi Ouzou, qui n'aurait pas apporté de preuves de ce qu'il avance. En revanche, ils confirment que leurs confrères de Tizi Ouzou ont été victimes d'agressions et de blessures. “Il a été établi que les confrères ont été victimes d'agressions manifestes, de coups et blessures, d'insultes et d'outrages...”, constate l'union, qui se base sur les déchirures des robes et de cartes professionnelles de certains avocats ainsi que des certificats médicaux, pour étayer son réquisitoire contre l'autorité publique. Sur un autre plan, et concernant la déclaration du même ministre de l'Intérieur selon laquelle un avocat aurait remis sa robe à un citoyen pour lui éviter de tomber entre les mains des policiers, l'Union nationale des barreaux d'Algérie affirme qu'aucune cassette vidéo n'a été remise à l'organisation par les autorités comme promis par Zerhouni. Après avoir rejeté en bloc les accusations du ministre, l'union enregistre avec satisfaction le comportement “digne des avocats de Tizi Ouzou” et se félicite de la ferme position prise par leur organisation à l'effet de dénoncer “ces graves dépassements, uniques dans les annales de l'histoire de l'Algérie indépendante”. Au passage, le barreau d'Algérie ne manque pas d'écorcher la cour de Tizi Ouzou pour sa position “négative en tant que garante des droits fondamentaux et des libertés à l'intérieur de l'enceinte”. L'Union nationale de Abdelmadjid Silini, qui dit approuver “totalement” la décision prise par les avocats de la région de Tizi Ouzou le 17 octobre dernier, est déterminée également à porter cette affaire devant le premier magistrat du pays pour qu'il constate la “véracité des faits, comme ils se sont déroulés réellement et ce, contrairement aux allégations rapportées par la presse nationale sur la base des déclarations de M. le ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur”, précise encore le barreau national. H. M.