Au moment où la Cncd «rend officielle» sa division, l'ANC chapeautée par l'ex-Premier ministre, Ahmed Benbitour, lance un appel pour un Congrès national de l'opposition. Un mois et un jour auront suffi pour que la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (Cncd), rende l'âme. Cette entité créée au lendemain des émeutes des premiers jours de janvier dernier, n'a pas survécu aux divergences qui la minaient. A l'origine de cet éclatement inattendu, le rôle des partis politiques au sein de cette organisation. «Devant la tentative de la caporalisation de la Coordination, il a été décidé de refuser cette tentative d'enfermer la coordination dans un carcan partisan et étroit et assume cette rupture», a souligné la première structure dans un communiqué. Tout a été donc dit dans cette déclaration: la Coordination refuse d'appartenir à une quelconque chapelle politique. La Cncd, qui a donné espoir à des pans entiers de la société pour un véritable changement, a finalement implosé. Bilan de sa courte existence: 2 marches populaires réprimées à la Place 1er Mai à Alger. La Coordination est, depuis mardi 22 février, scindée en deux structures et ce, au terme d'une houleuse réunion tenue à la maison des syndicats de Dar El Beïda à Alger. Cette dernière regroupe la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (Laddh), le Snapap, le CLA, le Satef, Cees, SOS Disparus, le Comité national pour la défense des chômeurs et le Collectif Algérie pacifique. La seconde structure rassemble les partis politiques (RCD, MDS, PLD), le Collectif des étudiants, le réseau Wassila, le mouvement des Archs, l'Association nationale des familles des disparus, l'Association de défense des droits des enfants, le Collectif national pour la liberté de la presse (Cnlp), le président d'honneur de la Laddh, Me Ali Yahia Abdennour et Fodil Boumala. La position de Me Ali Yahia Abdenour, qui a rejoint les partis politiques, peut provoquer comme conséquence collatérale l'éclatement de la Laddh, étant l'un des initiateurs de la Coordination, dont il est le président d'honneur. L'espoir suscité par cette organisation commence à s'évaporer et la mobilisation risque de s'effriter, surtout avec les mesures prises par le Conseil des ministres de ce 22 février 2011. Il devient ainsi plus pénible de maintenir vive la flamme de la mobilisation. Qu'à cela ne tienne, la première structure a informé, dans un communiqué sanctionnant les travaux de la réunion de son éclatement, qu'elle assume cette rupture et a décidé «de continuer le combat pour aboutir au changement réel du système». La deuxième structure a maintenu, pour sa part, le principe de la marche chaque samedi tout en inversant l'itinéraire. La marche ne démarrera pas de la Place du 1er-Mai vers la Place des Martyrs. «La Coordination a décidé d'organiser une marche chaque samedi à partir de la place des Martyrs vers la place du 1er Mai. C'est la majorité qui a pris cette décision et, en démocratie, la minorité suit la majorité», a déclaré Me Ali Yahia Abdennour lors d'un bref point de presse à l'issue de la réunion. Cependant, au moment où la Cncd «officialise» sa division, l'Alliance nationale pour le changement (ANC), tente de ressouder les rangs de l'opposition. A l'issue d'une autre réunion houleuse tenue à Alger, les membres de cette Alliance, initiée par l'ancien chef de gouvernement Ahmed Benbitour et le parti islamiste Islah, ont décidé d'organiser un congrès national de l'opposition et des forces du changement dans un mois au plus tard. Les promoteurs de ce projet comptent contacter le RCD et le FFS, ainsi que des personnalités nationales comme Abdelhamid Mehri pour participer à ce congrès, dont l'idée a été lancée par Djamal Zenati, ex-cadre du FFS et directeur de campagne de Hocine Aït Ahmed durant l'élection présidentielle de 1999. Selon les observateurs, seul un congrès national fédérateur de toutes les forces de l'opposition est à même de constituer un contrepoids non négligeable au pouvoir, vu les clivages actuels qui minent la classe politique dite d'opposition.