La nouvelle instance vient concurrencer celle de Rabah Kébir en Allemagne. Mourad Dhina - encore lui - saisit l'opportunité de l'annonce du déclenchement de la Révolution pour présenter son équipe et rappeler, à cette occasion, que «lorsque notre valeureux peuple a pu voter librement, il a donné sa confiance au FIS, à deux reprises: lors des élections locales de 1990 et lors des élections législatives de 1991». Parmi l'équipe du bureau exécutif dont il dit assurer l'intérim, on retrouve des profils fort intéressants. Il y a d'abord Ahmed Simozrag, ancien membre du «collectif» des avocats de Abassi Madani et Ali Benhadj. Il a rebondi récemment à Paris pour ester en justice l'ancien général Khaled Nezzar. L'opinion publique avait suivi attentivement cet épisode connu sous le titre générique de «fuite de Nezzar» dans l'avion présidentiel. Simozrag, dont le fils avait été kidnappé, a soulevé cette affaire avec d'autres familles de disparus. On retrouve également Anouar Haddam qui avait, rappelle-t-on, revendiqué l'attentat du boulevard Amirouche attribué au GIA. Cette initiative avait soulevé la colère des autorités algériennes qui avaient agi sur le plan diplomatique et réussi à le mettre en quarantaine aux USA d'où il envoyait des communiqués et faisait des déclarations tonitruantes. Il est présenté dans le nouveau staff comme conseiller aux côtés de Abdellah Benaoum, alias Abdennour, ancien chargé de communication de l'AIS à l'Ouest, et qui a fui en Suède d'où il a publié récemment un communiqué appelant ses pairs à unifier leurs rangs. Les autres proches de Dhina tels Filali et Habes qui l'ont aidé à préparer le congrès de Bruxelles, ainsi que Chouchane, Fenghour et Ali Ammar sont considérés par l'ancienne garde du FIS comme représentants de la Djaz'ara . Ils se situent dans la continuation du projet de Hachani qui avait préparé seul le congrès avant son assassinat à Alger en 1999. Rappelons que Abdelkader Hachani avait été élu porte-parole du FIS lors du congrès de Batna en juillet 1991. On disait à cette époque que la Djaz'ara avait pris le contrôle du FIS. Mais il faut également rappeler que Rabah Kébir faisait partie de l'équipe issue de Batna. Il avait remplacé Hachani quand ce dernier avait été arrêté la première fois puis libéré avant les législatives de 1991. Mais les deux tendances Kébir-Dhina semblent être irréconciliables. Dhina veut se placer en unique interlocuteur du FIS à l'étranger malgré les sévères mises en garde helvétiques. Dans le communiqué énonçant les missions des huit membres du minigouvernement de Dhina, on retrouve des anciennes revendications tels la libération des chouyoukh, le retour du FIS à l'activité légale, la mobilisation de ses militants et la poursuite des «putschistes» et «criminels» devant la justice. Il s'agit là d'une revendication nouvelle, du moins dans sa formulation.