Les islamistes de l'ex-FIS se sont éparpillés entre soutien au président et boycott de l'élection. Plus présent et insoupçonné qu'on ne le pense, le poids des islamistes de l'ex-FIS reste encore assez pesant, même après la présidentielle et la victoire écrasante de Bouteflika. Le ralliement d'hommes comme El Hachemi Sahnouni, Mohamed Bouyali, Madani Mezrag, avec toute son organisation, l'AIS, Rabah Kebir, Ould Adda, Hacène Daoui et Mustapha Hamouche ont eu ce qu'ils ont eu d'influence et de poids sur le «fond électoral» de l'ex-FIS, bien que la position du duo Benhadj-Madani et le «groupe des cinq» (Ali Djeddi, Kamel Guemazi, Abdelkader Boukhamkham, Omar Abdel-kader et Mourad Dhina), a été celui de ne cautionner aucun candidat, «en attendant de voir comment vont évoluer les choses». Le chef de la délégation exécutive du FIS «instance parallèle» à celle de Dhina, Rabah Kébir, réfugié en Allemagne, s'est déclaré pour une «solution graduelle» à «la crise» algérienne issue de la rébellion armée islamiste en 1992. «Nous acceptons les solutions graduelles, car nous sommes réalistes dans notre appréhension de la crise», a-t-il confirmé à L'Expression. «Il y a des affaires et des problèmes qui pourraient être traités dès maintenant pour rassurer les gens», a ajouté M.Kébir, citant le cas de salariés licenciés à la suite d'une grève générale à l'appel du FIS en 1991, «les disparus», dont les familles sont toujours sans nouvelles. Après avoir appelé à voter pour le président Abdelaziz Bouteflika, M.Kébir lui avait adressé un message de félicitations pour sa réélection, le 8 avril, avec 84,99% des voix pour un second quinquennat. Cette victoire «traduit la confiance du peuple qui vous considère comme l'homme de la situation et de la réconciliation nationale totale que vous avez défendue avec force et conviction», a-t-il écrit au président entrant. La position de Rabah Kébir ne reflète cependant pas celle des leaders du parti dissous, mais peut constituer une sorte de «sonde» pour voir la réaction du président. Kébir, envoyé en «éclaireur», peut ramener les réponses qui détermineraient un engagement de la part de tous les autres leaders aux côtés de Bouteflika. Les réponses s'articulent principalement autour de la nécessité de (ré) inclure le FIS dans l'échiquier politique national et de lui permettre, sous quelque forme que ce soit, de mener des activités qui s'inscriraient «dans le cadre des lois de la République et du respect de la Constitution». Les leaders du FIS, à l'instar d'Abassi Madani, auteur d'une «Lettre de soutien» en 1999 avaient appuyé, dès le début, la politique de Bouteflika et fait leur la concorde civile, autour de laquelle s'était articulé le discours du président, avant de prendre leurs distances et de déclarer que la concorde s'est «arrêtée en 2000» et que tout ce qui a été dit après, n'était que «faux-fuyant et trompe-l'oeil». Bouteflika, pour ne pas s'aliéner les islamistes, avait souvent promis de «mener la concorde civile vers une véritable réconciliation nationale s'il était réélu».