L'année politique, qui a démarré sur fond de contestation en Kabylie, atteint, petit à petit, sa vitesse de croisière avec le recentrage qui sera opéré dès aujourd'hui au sein du FLN. Le départ de Benhamouda et son remplacement par Benflis sonne comme une volonté du pouvoir de reprendre les choses en main, évitant le flottement largement constaté, ces derniers mois, entre les ailes exécutive et politique du pouvoir. Intervenu une semaine après le conseil national du RND, le comité central du FLN est d'une importance capitale, pour la simple raison qu'il va sortir avec des résolutions qui, dit-on, trancheront avec la démarche jusque-là adoptée par la direction sortante. L'empreinte moderniste du couple Benflis-Bouteflika imprimera les travaux du conclave d'aujourd'hui. Aussi, l'on s'attend à l'éclosion d'un nouveau discours proche des thèses défendues par le chef de l'Etat, ce qui n'était pas le cas avec un Benhamouda à la tête du parti. Enfin, une orientation politique en adéquation avec le programme présidentiel, autant sur les questions économiques que sur les grandes réformes initiées par le chef de l'Etat, est attendue dans les propos des futurs dirigeants du vieux parti. Les observateurs attentifs de la scène politique nationale prévoient un très sérieux rapprochement du RND et du FLN, en prévision des prochains rendez-vous politiques. L'éventualité d'une alliance électorale entre les deux formations pour les élections législatives, prévues au courant du premier semestre 2002, n'est pas écartée par ces mêmes observateurs qui estiment les chances d'un succès électoral à deux non négligeable si le chef de l'Etat, d'une manière ou d'une autre, apporte son soutien à l'entreprise. L'objectif de la démarche, à en croire des sources généralement biens informées, est d'aboutir à une majorité parlementaire homogène réellement acquise au programme de Bouteflika. L'enjeu du changement à la tête du FLN, qui va s'opérer à l'issue du comité central est donc stratégique, puisqu'il s'agit de prendre de vitesse les islamistes de la coalition en les faisant basculer dans l'opposition. D'ores et déjà, on annonce un petit remaniement ministériel qui toucherait les actuels détenteurs des portefeuilles de souveraineté nationale. Au-delà de l'aspect strictement gestionnaire, on rapporte dans certains milieux que les islamo-conservateurs, qui se sont par trop exprimés ces derniers mois sur la démarche présidentielle, ont fini par agacer le chef de l'Etat qui recommande un resserrement des rangs de ses véritables alliés dans la perspective d'un redéploiement sans faille pour la prochaine année. C'est ainsi que l'on évoque avec insistance la révision de la Constitution dans les tout prochains mois, avec un soutien qu'on annonce déterminant des deux formations qui font l'essentiel de la décision politique actuellement, le RND et le FLN. Un succès d'une telle consultation qui, apprend-on, scellera le projet de société moderniste avec une place certaine pour la dimension amazighe, conditionnera la suite des événements qui seront les prochaines élections législatives et locales. Une majorité moderniste dans l'APN constitue une véritable rampe de lancement pour les réformes de fond engagées par le Président de la République.