Pour poursuivre les négociations, ils exigent leur participation aux conférences régionales et nationales. Revendications diverses, action commune. Les étudiants issus des universités et des grandes écoles font, désormais, front commun. Ils interpellent leur ministre sur les propositions inhérentes aux trois phases d'élaboration de l'équivalence des diplômes. Si la tutelle les associe pendant les premières négociations, les universitaires seront écartés lors des conférences régionales et nationales décidées par le ministre. Chose que cette élite rejette en bloc. «On ne fait pas confiance aux recteurs et aux vice-recteurs, seuls autorisés à assister à ces conférences, de décider à notre place ni à nous arracher nos droits», a déclaré, hier, Serbouh Yahia, délégué des étudiants de l'université de Boumerdès reçu à la rédaction. Et Adel, de l'Ecole nationale polytechnique joint par téléphone, de lui emboîter le pas: «On ne demande pas la lune. Même à titre consultatif, notre participation à ces deux rencontres est impérative». Encore une fois, Rachid Harraoubia, le ministre de tutelle est appelé à s'engager «par écrit». Les universitaires trouvent «exagéré» le temps que s'accorde celui-ci pour le dossier de l'équivalence des diplômes. «Des réunions d'une semaine au niveau de son département peuvent se faire en une journée», ajoute S. Yahi étudiant en 1re année de magister maintenance industrielle. Ce faisant, les étudiants réclament, poursuit Yahia, à ce que l'administration ne s'immisce pas dans le choix des délégués. «Ces représentants doivent être désignés uniquement par les étudiants», enchaîne-t-il. Ce n'est pas tout. La masse estudiantine compte répondre au ministre de l'Intérieur, Daho Ould Kablia, quant à l'affaire des étudiants brutalement tabassés à quelques encablures du portail principal du Mesrs. La tentative de défoncer le portail du ministère a eu lieu après les brutalités et non avant celles-ci. «La chronologie des évènements est mal à propos», explique Benchalal Amirouche, délégué de l'Usthb et étudiant en 1re année doctorat Electronique. Et de s'interroger: «On nous demande de déposer plainte. Mais, on le fera contre qui?» Interpellés sur la grève de la faim que comptent entamer certains étudiants, nos vis-à-vis affirment qu'il s'agit de l'ultime recours. «C'est la solution extrême», résume Amara Rafik, délégué de l'université de Bab Ezzouar. Réunis dimanche à l'université de Boumerdès, les représentants des écoles et universités confirment le maintien de la grève illimitée. Si certains ont suggéré la suspension du mouvement, la majorité a voté pour sa poursuite. Lors de cette réunion, il était également question de l'organisation d'un sit-in, mercredi prochain au département de la tutelle et un autre à la Présidence, dont la date n'est pas encore arrêtée. Car le silence assourdissant du ministre Harraoubia persiste, cette élite «saisira, dans les prochains jours, le chef de l'Etat». Cette lettre ouverte se veut un rappel qui confirme que le divorce entre les étudiants et le premier responsable du département de l'enseignement supérieur est, bel et bien, consommé. Comment le ministre ne verrait-il pas ce divorce, patent, résumé dans ce cri implacable répété tel un leitmotiv par des milliers d'étudiants: «Dégage Harraoubia». Il reste dans leur tête, le tintamarre des engagements non tenus, réduits à des «paroles en l'air», pour reprendre les dires de Linda étudiante à l'ex-INC (Institut national du commerce). Abordant le flou causé par une application aléatoire du LMD, nos interlocuteurs s'accordent à dire que ce système a été imposé à la va-vite et appliqué sans réflexion.