Les prémices d'un rapprochement entre l'ANC et le trio Aït Ahmed-Mehri-Hamrouche sont perceptibles, selon les observateurs. Un front commun de l'opposition peut-il voir le jour dans les semaines prochaines? La dernière sortie médiatique de Ahmed Benbitour, ancien chef de gouvernement et chef de file de l'Alliance nationale pour le changement (ANC) le suppose. «Nous n'excluons aucune alliance avec les forces du changement», a-t-il déclaré, hier, lors d'une conférence de presse animée conjointement avec Djamel Benabdeslam, secrétaire général d'El Islah. Cette conférence a eu lieu à la Maison de la presse Tahar-Djaout, à Alger. Le but d'une telle initiative réside dans la tenue des assises de l'ANC dont la date et le lieu n'ont pas encore été fixés. «L'ANC compte organiser un congrès national des forces de l'opposition qui adoptera une charte des droits et des libertés et mettra en oeuvre les outils du changement à travers une plate-forme politique», lit-on dans un communiqué remis à la presse. Cette alliance qui représente un conglomérat de formations politiques, d'associations et d'organisations de jeunesse, tiendra son premier meeting à la salle Atlas de Bab El Oued, vendredi prochain. Ce meeting se veut un point de départ d'un plan d'action qui vise à faire adhérer de larges couches de la société aux thèses de l'ANC. «Plusieurs actions sont au menu de son programme (l'ANC) à travers le territoire national», a indiqué le communiqué. Cette sortie médiatique coïncide avec la tenue des trois marches auxquelles a appelé la Coordination nationale pour le changement et la démocratie, aile partis politiques, conduite par le RCD. Y a-t-il un rapprochement entre les deux initiatives? «Cela n'est qu'une coïncidence», a précisé M.Benbitour. Il a, toutefois, laissé les portes ouvertes à «toute initiative allant dans le sens du changement». L'une de ces initiatives est celle de l'ancien secrétaire général du FLN, Abdelhamid Mehri, appuyée par le président du FFS, Hocine Aït Ahmed. Les observateurs estiment que cette proposition vise à remettre sur les rails l'initiative du trio Aït Ahmed-Hamrouche-Mehri, lancée ces dernières années, mais qui n'a pas eu de suite. Le dernier échange entre Mehri et Aït Ahmed ainsi que les rumeurs faisant état de contacts entre Hamrouche et des cercles de décision au pouvoir, accréditent cette lecture, selon les mêmes observateurs. A chacun ses règles de jeu. La conférence de l'ANC est intervenue au lendemain du meeting tenu par le FFS à la salle Atlas. A ce meeting, était présent Maître Mostefa Bouchachi, président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme et l'un des leaders de la Cncd-société civile. Les prémices d'un rapprochement entre les deux partis se profilent à l'horizon. «J'ai rencontré, récemment, Maître Bouchachi et Fodhil Boumala», a révélé Djamel Benabdeslam. Cela dit, il s'est abstenu de s'étaler sur le sujet de leur rencontre. Il a, en outre, précisé qu'El Islah saluait l'initiative de M.Mehri. Un message politique? Les analystes n'écartent pas cette hypothèse. Une chose est certaine: les thèses de Mehri et de l'ANC s'articulent autour de l'impératif du changement pacifique du système. «Nous avons la chance d'analyser les expériences de la Tunisie et de l'Egypte pour anticiper sur le changement en Algérie, au lieu de le subir», a estimé M.Benbitour. Ce dernier a situé les éléments du changement autour de quatre points. En premier lieu, il a cité la pression de la société qui s'inscrit dans la durée. Il a cité, en ce sens, les manifestations menées par les partis, les syndicats, les étudiants et autres organisations, à l'échelle nationale. Il a ensuite évoqué l'élément déclencheur de la rupture. «En Tunisie, ce fut celui de l'immolation du jeune Mohamed Bouazizi», a-t-il cité en exemple. Il a également insisté sur le rôle de l'Internet dans les bouleversements politiques que connaissent les pays du Proche-Orient et ceux du Maghreb. En conclusion, M.Benbitour a mis l'accent sur la nécessité d'établir «une alliance pour réussir le changement». Pour sa part, Benabdeslam a dénoncé le statu quo politique que subit le pays. «L'annonce de la levée de l'état d'urgence cache des dispositifs dangereux contenus dans la loi sur la lutte contre le terrorisme et la subversion», a-t-il déploré. La scène politique nationale sera marquée par la tenue de plusieurs manifestations cette semaine. La célébration, le 19 mars, du 49e anniversaire du cessez-le feu revêt une importance particulière. Les résolutions du Congrès de la Soummam reviennent cette semaine.