Le fleuriste de la Grande Poste ne sait plus où donner de la tête. Depuis les premières heures de la matinée, il est assailli de clients accourus des quatre coins de la ville pour acheter des fleurs à l'occasion de la Journée internationale de la femme. La plupart sont jeunes à l'instar de cette collégienne qui a utilisé son argent de poche pour l'achat d'une rose à offrir à sa mère. «J'aurais voulu lui offrir un parfum, mais je n'avais que cent vingt dinars en poche, que j'ai dépensés pour l'achat d'une rose, j'espère qu'elle sera contente». Le prix des fleurs n'est pas donné. Profitant de l'événement, les vendeurs ont augmenté les prix des fleurs qui ont doublé en l'espace de vingt-quatre heures. Cent vingt dinars pour une petite rose et trois cents dinars pour un petit bouquet de trois fleurs. Faisant contre mauvaise fortune bon coeur, un jeune accompagné de sa petite amie a décidé de franchir le pas en se payant une petite rose. Pour lui, «le prix importe peu, l'essentiel est de faire plaisir car le 8 Mars n'a lieu qu'une fois par an». C'est aussi, l'avis de cet étudiant qui a décidé, pour cet été, de convoler en justes noces. «Ma fiancée fréquente la même université que moi. En attendant le mariage prévu pour juillet prochain, je lui ai acheté ce bouquet de fleurs pour la féliciter à l'occasion de la journée du 8 Mars». Abdelkader est un chômeur qui espère, à la faveur des dernières mesures annoncées en faveur des jeunes, trouver bientôt un emploi. Comme beaucoup d'Algériens, il a acheté des fleurs pour sa mère. «L'année dernière, je lui ai offert un parfum. Pour la journée du 8 Mars de cette année, j'ai décidé de lui acheter des roses.» Il est 11h30, les clients sont toujours aussi nombreux. Tous ont décidé d'acheter des fleurs pour les offrir à l'occasion de la fête du 8 Mars. Une mère de famille est obligée d'élever la voix pour se faire entendre. Elle ne comprend pas pourquoi le fleuriste ne regarde pas de son côté. Un sexagénaire la rassure et lui offre gratuitement une fleur. La femme est gênée mais finit par accepter non sans avoir remercié le Monsieur généreux. «C'est pour l'offrir à ma vieille mère qui est âgée de quatre vingt-dix ans», dit-elle. Un vendeur de «fleurs parfumées» s'est installé pas très loin du fleuriste. Lui non plus ne manque pas de clients. En proposant cinquante dinars la rose, il a, en l'espace de quelques minutes, écoulé toute sa marchandise. «Je me suis rabattu sur ces fleurs parce qu'elles sont moins chères», confie un acheteur qui ajoute «c'est le geste qui compte».